Le Web remplace les automates (Edition 2012-39)

En matière d’enregistrement, les passagers sont de plus en plus indépendants. Seules les conditions de sécurité restent un défit.

Du point de vue du passager, l’enregistrement en ligne est sans nul doute l’une des plus grandes révolutions du transport aérien moderne. Introduite parallèlement à l’E-Check-in (soit aux bornes disposées dans les aéroports) au cours de la précédente décennie, cette option s’est rapidement étendue et imposée auprès des compagnies aériennes majeures comme un standard. Aujourd’hui, le passager peut s’enregistrer seul: une connexion Internet et un numéro de billet électronique (ou une référence de réservation) suffisent. L’option «Mobile Check-in» s’est également développée. L’enregistrement au moyen d’un Smartphone ou d’un appareil pouvant se connecter à Internet permet d’obtenir un code 2D pouvant ensuite être «lu» par les appareils de contrôle.

Dans de nombreux pays européens –dont la Suisse –, ainsi qu’au Japon et en Nouvelle-Zélande, les cartes d’embarquement imprimées chez soi ou sur téléphone portable sont acceptées aux aéroports internationaux. Certains pays comme l’Angleterre, l’Italie, les USA ou l’Australie ne permettent cela qu’à quelques aéroports. L’Association internationale du transport aérien (IATA) indique que les prochains pays qui devraient adopter le Self Check-in sont l’Inde, l’Egypte, l’Afrique du Sud ou les Philippines. Toutefois, certains pays n’acceptent encore pas les cartes d’embarquement nommées BCBP (bar-coded boarding passes), même si l’IATA voulait en faire un standard à 100% en 2011.

Le changement s’observe clairement au niveau de l’aéroport. Non seulement les guichets d’enregistrement traditionnels (avec du personnel humain) diminuent sensiblement, mais les bornes d’enregistrement (E-Check-in) en font de même puisque les utilisateurs s’enregistrent déjà chez eux ou sur leur téléphone portable. Du point de vue des aéroports – ainsi que de celui des compagnies aériennes – c’est un développement positif, car cela nécessite moins de frais. Rien n’est moins cher que lorsque le passager effectue la plus grande partie du processus d’enregistrement depuis son domicile.

Mais cela implique également des questions d’ordre de sécurité. Chaque nouvelle option concernant l’enregistrement doit être testée minutieusement afin de garantir une certaine sécurité. C’est d’ailleurs l’un des plus grands défis des compagnies aériennes et des aéroports: offrir des processus plus simples et rapides, sans pour autant prétériter la sécurité.

Dernièrement, l’IATA a lancé une initiative pour un système de contrôle à trois niveaux. Les passagers sont ainsi divisés en trois groupes: «Known traveller» (voyageurs fréquents dont les informations sont disponibles dans une base de données), «Normal» et «Enhanced Security» pour les passagers soumis à des restrictions de sécurité (par exemple des condamnés). Grâce aux nouveaux systèmes, les objets ou matériaux problématiques devraient être mieux identifiés. Il devrait être possible non seulement de reconnaître les «objets dangereux», mais également les «individus dangereux». Le problème de ce «Checkpoint of the future» est que les données biométriques figurant dans le passeport nécessitent que les autorités des pays compétents fassent l’objet d’un «Risk Assessment» avant que le passager ne se rende à l’aéroport. Les USA et l’Europe ont déjà confirmé vouloir aller dans ce sens. Pour cela, il faut avant tout des «personnes transparentes». Et de nombreux états ne collaborent pas. Il est donc possible que ces nouveautés n’entrent pas en vigueur au cours des quatre prochaines années, comme l’a initialement prévu l’IATA.

Des aéroports distingués

Dans le cadre de l’objectif de l’IATA «Fast Travel», quelques aéroports ont été distingués. Il s’agit d’avoir en place les standards les plus modernes concernant le processus de l’arrivée de l’aéroport jusqu’au départ: Check-in mobile, scan des documents à l’aéroport (pour la remise des bagages), changement de réservation automatisé et service automatique pour le dépôt/la recherche de bagage. Selon le site de l’IATA, le «Gold Status» a été décerné aux aéroports d’Auckland, d’Abu Dhabi, de Francfort, de Copenhague, de Londres-Gatwick, de Munich, de Madrid et de Beijing. 

Dernier-cri: l’enregistrement via Skype

L’utilisation de nouveaux médias et de nouvelles technologies ne cesse de progresser. En Russie, l’aéroport de Sheremetyevo (SVO) testerait actuellement avec un certain nombre de compagnies l’enregistrement via Skype. Il suffit d’effectuer un appel vidéo à «svo_checkin» et de donner le numéro de vol, la date, son nom et le numéro de billet électronique. En outre, il faut montrer au guichet virtuel d’enregistrement son passeport. On obtient ensuite une carte d’embarquement par voie électronique qu’il faudra imprimer soi-même. Le service est disponible entre 24h et 40 minutes avant le vol, suivant la compagnie. Le site www.svo.aero propose un document en anglais recensant les compagnies participantes et les délais appliqués. 

Cédric Diserens/Jean-Caude Raemy