Les agents encore une fois otages des airlines (Edition 2008-39)

Dominique Sudan à propos des airlines associées aux GDS

Demain, le Tribunal de Hambourg doit normalement faire connaître sa
décision sur la légitimité du modèle de tarifs préférentiels de
Lufthansa. Ni la compagnie allemande ni Amadeus n’ont accepté d’en dire
davantage. Avant cela, le Parlement européen s’était déjà prononcé en
faveur du dépoussiérage du Code de conduite obsolète gérant les
relations entre GDS, agences de voyages et compagnies aériennes. Mais
visiblement, il faudra revoir cette copie trop floue.

Lorsqu’il affirme que les billets d’avion pourraient baisser de 10%
environ, le Parlement se trompe lourdement car, jamais, les compagnies
aériennes n’ont accepté de répercuter automatiquement les diminutions
de tarifs sur le prix final des billets. Le prix a-t-il baissé en
conséquence depuis la suppression des commissions versées aux agences
intervenue en 2005? Poser la question, c’est y répondre. L’ECTAA craint
d’ailleurs que le modèle de Preferred Fares de Lufthansa et Swiss
pourrait pénaliser une nouvelle fois les agences de voyages en
renchérissant l’accès au contenu des GDS.

L’autre point qui manque totalement de clarté est celui des
transporteurs associés, en l’occurence Air France, Lufthansa et Iberia
qui détiennent ensemble 46% d’Amadeus. Là, le danger est grand de voir
les trois compagnies associées favoriser clairement Amadeus
en se montrant sélectives dans le contenu proposé aux GDS concurrents.

Or, les trois compagnies exercent avec Amadeus une position dominante
sur leurs marchés domestiques; raison pour laquelle le texte adopté au
début septembre est beaucoup trop vague. On comprend mieux ici
l’attitude d’une Air France qui, par la voix de son directeur
commercial France, confirme clairement qu’elle n’est pas partisane du
report des coûts GDS sur le client. Entre la position tranchée
d’Amadeus, en Suisse comme ailleurs, et celle de ses deux concurrents
Travelport et Sabre, il y a un abîme. Car lorsqu’on connaît
l’importance du volume d’affaires traité par le GDS sur le marché
allemand, on craint que la branche suisse ne trouve tout simplement
aucun terrain d’entente avec Amadeus.

Un simple constat qui prouve aussi que, sur ce dossier, Swiss
International Air Lines ne jouira jamais de la marge de manœuvre que
Lufthansa lui accorde dans d’autres domaines, notamment les opérations.
Face au couple Lufthansa/Amadeus, Swiss n’a pour l’instant que le droit
de se taire. Seule lueur d’espoir: l’amendement définissant les
«transporteurs associés» ne faisait pas partie du rapport adopté par la
Commission des transports du Parlement européen. Si les clarifications
exigées ne sont pas obtenues, un recours est possible auprès de la Cour
européenne de justice. Avant cela, Amadeus ne changera pas sa politique
d’un iota.