Demain, le Tribunal de Hambourg doit normalement faire connaître sa
décision sur la légitimité du modèle de tarifs préférentiels de
Lufthansa. Ni la compagnie allemande ni Amadeus nont accepté den dire
davantage. Avant cela, le Parlement européen sétait déjà prononcé en
faveur du dépoussiérage du Code de conduite obsolète gérant les
relations entre GDS, agences de voyages et compagnies aériennes. Mais
visiblement, il faudra revoir cette copie trop floue.
Lorsquil affirme que les billets davion pourraient baisser de 10%
environ, le Parlement se trompe lourdement car, jamais, les compagnies
aériennes nont accepté de répercuter automatiquement les diminutions
de tarifs sur le prix final des billets. Le prix a-t-il baissé en
conséquence depuis la suppression des commissions versées aux agences
intervenue en 2005? Poser la question, cest y répondre. LECTAA craint
dailleurs que le modèle de Preferred Fares de Lufthansa et Swiss
pourrait pénaliser une nouvelle fois les agences de voyages en
renchérissant laccès au contenu des GDS.
Lautre point qui manque totalement de clarté est celui des
transporteurs associés, en loccurence Air France, Lufthansa et Iberia
qui détiennent ensemble 46% dAmadeus. Là, le danger est grand de voir
les trois compagnies associées favoriser clairement Amadeus
en se montrant sélectives dans le contenu proposé aux GDS concurrents.
Or, les trois compagnies exercent avec Amadeus une position dominante
sur leurs marchés domestiques; raison pour laquelle le texte adopté au
début septembre est beaucoup trop vague. On comprend mieux ici
lattitude dune Air France qui, par la voix de son directeur
commercial France, confirme clairement quelle nest pas partisane du
report des coûts GDS sur le client. Entre la position tranchée
dAmadeus, en Suisse comme ailleurs, et celle de ses deux concurrents
Travelport et Sabre, il y a un abîme. Car lorsquon connaît
limportance du volume daffaires traité par le GDS sur le marché
allemand, on craint que la branche suisse ne trouve tout simplement
aucun terrain dentente avec Amadeus.
Un simple constat qui prouve aussi que, sur ce dossier, Swiss
International Air Lines ne jouira jamais de la marge de manuvre que
Lufthansa lui accorde dans dautres domaines, notamment les opérations.
Face au couple Lufthansa/Amadeus, Swiss na pour linstant que le droit
de se taire. Seule lueur despoir: lamendement définissant les
«transporteurs associés» ne faisait pas partie du rapport adopté par la
Commission des transports du Parlement européen. Si les clarifications
exigées ne sont pas obtenues, un recours est possible auprès de la Cour
européenne de justice. Avant cela, Amadeus ne changera pas sa politique
dun iota.