Les dérapages du débit direct (Edition 2008-29)

Alain Bossu À propos de Croisitour/IATA

Fin juin, le groupe Croisitour, dont le siège est à La Chaux-de-Fonds,
apprend que trois prélèvements de l’International Air Transport
Association (IATA) ont été débités deux fois pour un montant total qui
n’a rien d’anodin (plus de 743 000 francs) et qui aurait pu causer de
sérieux dommages à nombre d’agences de voyages, d’autant plus que le
remboursement a traîné malgré la réaction immédiate de IATA Switzerland
& Liechtenstein auprès de son établissement bancaire, en
l’occurrence Citibank.

La situation a même été jugée suffisamment grave pour que IATA délivre
immédiatement un carton rouge et décide de quitter Citibank (le 1er
juillet) pour rejoindre l’UBS. Il faut dire que c’était la troisième
fois en cinq ans que pareille mésaventure se produisait.
«Inacceptable», a reconnu Claudio De Salvo, Country Manager Switzerland
& Liechtenstein IATA qui a décidé la sanction suprême.

Cette affaire ne remet certes pas en cause l’intérêt du débit direct
dont chacun s’accorde à louer les avantages, à commencer par l’économie
de temps (et donc d’argent). Mais il peut aussi s’avérer dangereux
puisque les sommes prélevées ne sont pas toujours immédiatement
contestables et que, comme le souligne Jean-Louis Bapst, directeur de
Vos Voyages à Lausanne, «cela revient à signer un chèque en blanc à nos
fournisseurs».

Au-delà, lorsque tout finit par rentrer dans les normes, une telle
mauvaise expérience sert-elle réellement de leçon, en matière de
gestion immédiate de la crise comme de la communication? Sans doute la
cause incombe-t-elle à la banque qui, malgré ses intentions déclarées
dès la découverte de l’erreur (pas par elle!), a beaucoup tardé avant
d’enclencher le bouton Remboursement. Mais chez Croisitour, on ne cache
pas un certain agacement devant le manque de suivi rapide des problèmes
de la part de IATA, même si l’association n’a pas lésiné sur les
intérêts à payer. «Le comble, souligne d’ailleurs Michel O. Ryser,
directeur de l’entreprise, c’est de ne pas pouvoir parler à un
responsable dans de tels cas, alors que IATA est à Genève!»

Fort heureusement, et malgré un retard incompréhensible dans le
remboursement, tout s’est bien terminé pour Croisitour. Sans être
mineur, l’incident ne relève pas de l’habitude, loin s’en faut
puisqu’il n’existe aucun pourcentage susceptible de faire frissonner
l’appareil statistique. Mais la réaction de IATA prouve que l’affaire
n’a pas été prise à la légère. Pour preuve, une lettre d’excuses
officielles a été envoyée, pas seulement à l’entreprise concernée, mais
à l’ensemble des agences de voyages.