Les funérailles nationales du T2 (Edition 2007-05)

Dominique Sudan à propos de l’AIG

Le nouveau plan directeur de l’Aéroport International de Genève (AIG) est connu. Il comprend deux phases d’adaptation des infrastructures, le Terminal principal faisant l’objet d’un lifting bienvenu après une trentaine d’années de bons et loyaux services. Les mesures prises, destinées à répondre à la croissance prévue du trafic aérien et à améliorer la fluidité et le confort des passagers, ont séduit la petite centaine de représentants de compagnies aériennes qui en ont eu la primeur. Après avoir investi près de 500 millions de francs en quinze ans dans l’adaptation de son infrastructure, l’AIG, qui ne se décrit pas comme un aéroport de prestige, injectera 60 autres millions dans les travaux de cette première étape. L’amélioration côté piste et la construction d’une nouvelle «Aile Est» sont encore musique d’avenir.

Dans sa présentation empreinte de sobriété, l’AIG passa comme chat sur braise lorsqu’il s’est agi d’aborder le fameux Terminal T2 qui aurait dû être opérationnel pour le présent horaire d’hiver 2006/2007. Et pour cause: le T2 fait l’objet de recours sur lesquels la direction n’a plus la maîtrise. Perdu dans les méandres du Département fédéral des transports, de l’environnement, de l’énergie et de la communication (DETEC), le dossier T2 n’est pas la priorité des ronds de cuir de la Berne fédérale. Une situation qui, vue de l’extérieur, ne semble pas gêner outre mesure la direction actuelle de l’AIG. Ce T2 né dans la précipitation était de toute manière mal ficelé. Si l’AIG l’avait présenté sans aborder simultanément la problématique des redevances passagers à deux vitesses, nul doute que l’ancienne aérogare chère à Tintin traiterait déjà une partie du volume Low Cost de l’AIG. Mais l’aéroport a voulu faire preuve de transparence et a tout emballé dans un même paquet-cadeau qu’Air France a renvoyé à l’expéditeur.

Le T2 est donc gelé puisque priorité est officiellement accordée à l’amélioration du Terminal principal. Ce qui n’est pas un mal en soi puisque l’amélioration de l’infrastructure concerne aussi les surfaces commerciales qui génèrent des recettes non aéronautiques toujours plus élevées. En parquant EasyJet et ses passagers dans l’ancienne aérogare, l’AIG priverait ses propres boutiques de plus d’un tiers de clients potentiels. Inconcevable autogoal.

Ce plan directeur 2007-2015 contient donc trois étapes au lieu de deux: les funérailles nationales du T2 en font aussi partie car, dans huit ans, EasyJet, traitée qualitativement à la même enseigne que les autres compagnies aériennes, aura également enterré le projet.