Les Romands achètent suisse, les Alémaniques outre-Rhin (Edition 2011-23)

Alors qu’on assiste en Suisse alémanique à un basculement croissant des réservations sur l’Allemagne, la Suisse romande ne connaît pas ce phénomène.

Le taux de change historiquement bas de l’euro est à l’origine d’un phénomène nouveau sur le marché alémanique des voyages: de plus en plus nombreux sont les prestataires allemands (TOs, agences, portails Internet) à traiter les réservations de clients suisses. Sur la zone frontalière autour de Genève, ce phénomène est marginal, voire inexistant. 

Comme l’explique John Albanis chez Hotelplan, la principale différence réside dans le fait que Zurich est devenu un aéroport «allemand» pour les sites Internet des TOs d’outre-Rhin ou les portails de réservation en ligne. Une autre raison évoquée est la structure du marché français des voyages: la centralisation propre à l’Hexagone concerne également la branche.

«Il faut y voir un problème d’ordre structurel: les producteurs ne sont pas orientés vers des départs de Genève, ni dans les gros volumes balnéaires ni dans les voyages individuels. L’offre n’est donc pas là», ajoute Yves-Daniel Viredaz, Genève Aéroport.

En revanche, nombreux sont les TOs de Suisse romande à être actifs en France voisine. Genève demeurant l’aéroport naturel de toute une région, avec une offre aérienne autrement plus riche que celle de Lyon, ces producteurs réalisent entre 15 et 20% de leur volume de l’autre côté de la frontière. Directeur de Stohler, Rolf Weber ajoute de son côté deux éléments importants: contrairement aux deux dernières décennies, les Suisses sont de moins en moins nombreux à effectuer leurs achats courants dans les centres commerciaux de France voisine. Le gain n’est tout simplement plus ce qu’il était. «Tout se joue aussi au plan charter. Dans ce domaine, les gros producteurs allemands proposent une offre extrêmement riche au départ de multiples aéroports et bénéficient ainsi d’avantages considérables par rapport à la Suisse. Cela se répercute fatalement sur le prix final qui, pour un séjour dans un même hôtel, peut varier de plusieurs centaines d’euros entre l’offre suisse et le produit commercialisé en Allemagne», commente Rolf Weber.