Les TOs sereins face à Easyjet (Edition 2010-03)

L’offensive d’Easyjet dans le segment balnéaire est sérieuse mais nullement déstabilisante.

Chez Kuoni, Marianne Häuptli,
directrice Market Management, ne craint pas forcément ce développement: «Il
nous incombe d’observer les changements qui s’opèrent sur le marché et de
prendre au sérieux chaque nouveau concurrent. Mais assurer ces vols pour
s’immiscer dans la vente d’arrangements forfaitaires ne constitue pas la
priorité d’Easyjet.
La compagnie ne fait qu’appliquer un modèle commercial
simple dans la vente de sièges seuls. Et le fait qu’Easyjet vole en
Méditerranée et sur la mer Rouge ne signifie pas que les endroits choisis se
transformeront en destinations Low Cost. Car le vol ne représente qu’une petite
partie du budget vacances, après la destination et l’hôtel. C’est déjà le cas
avec d’autres airlines comme Swiss ou Edelweiss.»

Marianne Häuptli ajoute qu’en
mer Rouge, il n’est pas si aisé pour un client de réserver sans l’aide d’un TO
transferts et hôtel. «A ce jour, nous ne perdons aucune part de marché dans la
distribution classique. Parfois, Easyjet nous amène même de nouveaux clients
pour les prestations terrestres, des passagers qui n’avaient à ce jour jamais
opté pour telle ou telle destination. Nous gagnons même de nouveaux clients qui
voient les prix attrayants d’Helvetic Tours, comparent l’arrangement complet et
réservent auprès d’une agence», ajoute Marianne Häuptli.

Chez VT
Vacances,
Stéphane Jayet tient le même discours: «Ne jamais avoir
peur d’un nouvel acteur sur le marché, même si la première impression est
souvent émotive quant à l’arrivée de l’autre ‹géant orange› ou d’un autre
confrère concurrent. Ce genre de situation doit nous permettre de nous
repositionner, mais surtout de se poser les bonnes questions pour la poursuite
de notre développement d’entreprise sur les produits concernés. Le fait de se
braquer n’a jamais fait, au niveau commercial, avancer les af-faires.» Pour VT
Vacances, le fait que certains proposent l’alternative Easyjet s’explique
aisément: «Je pense qu’il s’agit, non pas d’un mouvement, mais d’une nouvelle
offre que les voyagistes peuvent ou se doivent de programmer selon leur
stratégie et selon leur segmentation, pour créer une nouvelle offre. Mais
cela ne signifie pas que le
balnéaire se transforme en Low Cost.»

MTCH abonde dans le même sens. Pour Walter
Brüllhardt, les priorités des TOs et des airlines divergent, chacun demeurant
tout à fait libre d’appliquer la stratégie lui convenant au mieux. «Si certains
outils de vente directe comme VAC programment des vols Easyjet, c’est
uniquement parce qu’ils ne trouvent aucun siège ailleurs. Mais le segment
balnéaire court et moyen-courrier ne deviendra pas Low Cost: il évoluera,
le client souhaitant désormais bénéficier d’un maximum de prestations pour
l’argent investi. Et, de toute manière, je me permets de me poser de réelles
questions quant à la rentabilité d’Easyjet sur les routes choisies.»

MTCH a d’ailleurs maintenu au
programme d’été les vols les plus demandés, l’appui de Vacances Migros et
Denner Voyages n’étant pas du tout inintéressant en Suisse romande.


Dominique Sudan

Quelle attitude pour les TOs individuels?

Les TOs indépendants laisseront-ils tomber les places sur
des charters classiques pour jouer la carte Easyjet? Stéphane Jayet: «Pourquoi
pas. Sur la Suisse romande, ce sont pour l’instant les grands TOs qui laissent
tomber certaines lignes (la Sardaigne, par exemple). Cette démarche est une
éventualité ou une situation que nous ne pouvons pas écarter ou
minimiser. 

Mais de par le modèle commercial d’Easyjet, nous excluons
de proposer via le canal classique un produit basé uniquement sur des vols
Easyjet. Toutefois, dans le but d’offrir une proposition concrète à l’agence
pour son client, mais également de lui permettre de finaliser un dossier, il
n’est pas exceptionnel pour VT Vacances de construire une offre avec un segment
de sa production propre et l’autre leg avec Easyjet.»


DS