L’état de Genève doit rire sous cape (Edition 2009-21)

Dominique Sudan à propos de l’AIG

Difficile de faire mieux. En 2008, l’Aéroport International de Genève
(AIG) a tout simplement pulvérisé tous les records en termes de volume
de trafic, de chiffre d’affaires, de résultat opérationnel et de
bénéfice net. Historique, tout simplement. Une telle embellie ne
constitue nullement le fruit du hasard, elle est, au contraire, le
juste résultat de la politique pro-active menée depuis plusieurs années
par la direction de l’AIG.

Alors que d’aucuns auraient peut-être baissé les bras après la triste
parenthèse de Swissair, l’AIG a toujours tenu à offrir à ses principaux
clients, les compagnies aériennes, et à leurs passagers le meilleur
outil de travail qui soit. Son infrastructure a été entièrement
repensée, l’offre commerciale présente un nouveau visage rajeuni, des
actions de marketing sont menées tous azimuts, des investissements
colossaux accompagnent les différents plans directeurs – entre 2007 et
2009, 250 millions de francs auront été investis dans la modernisation
de l’infrastructure.

Car il est vrai que pour pouvoir prospérer, toute la région a besoin
d’un aéroport dynamique susceptible d’attirer régulièrement de nouveaux
acteurs sur son tarmac.

Dans le domaine marketing, par exemple, plusieurs compagnies aériennes
internationales parmi les plus importantes dans le monde ont déjà
relevé l’efficacité et le soutien remarquables de l’AIG lorsqu’il
s’agit de promouvoir une nouvelle ligne. Un soutien que les dirigeants
de ces mêmes airlines ne retrouvent pas ailleurs, comme le répétait il
y a peu la direction pour l’Europe de United Airlines.

N’ayant nullement l’ambition de jouer dans la cour des grands, l’AIG
sait que c’est par ce genre de mesures qu’il pourra se distinguer parmi
les autres aéroports de deuxième plan, derrière les grands hubs
d’Europe et d’ailleurs. Plus que rentable, l’AIG a banni de son langage
le vocable sinistrose. Au contraire, il continue d’aller de l’avant
avec les moyens qui sont siens.

Une belle performance malheureusement ternie par un règlement étatique
obsolète et un statut hybride où le qualificatif «autonome» fait
sourire (jaune). Car l’autre record battu par l’AIG l’an passé est le
versement à l’État de la moitié du bénéfice net obtenu sur le terrain.
Il y a vraiment de quoi rire sous cape. Cette façon de s’approprier
indûment la moitié des bénéfices de l’autre n’est pas sans rappeler la
stupidité de la célèbre formule Rumo qui pénalisait tout le football
suisse d’il y a quelques années. Forts des résultats exceptionnels
réalisés depuis plusieurs années, l’AIG doit prendre le taureau par les
cornes et obtenir rapidement une modification de son statut afin de
profiter enfin des droits et des acquis d’une autonomie pour l’instant
virtuelle.