«Lyria doit rester compétitive face à l’aérien» (Edition 2015-21)

Dans un mois, Alain Barbey quittera la direction générale de TGV Lyria. L’heure est au bilan.

En 5 ans, quels ont été les principaux développements apportés au produit?

Durant ces cinq années, le volume de trafic de Lyria a augmenté de 40% et un travail de fond a été réalisé au niveau de l’offre: adaptation des horaires et augmentation des fréquences, ouverture de nouvelles lignes dont tout récemment un Genève-Lille. Face à une concurrence toujours plus présente, nous avons dû élever le niveau de nos produits et de qualité en développant de nouvelles prestations telles que Lyriapremière avec restauration intégrée, réservation de taxis à l’arrivée et, dernièrement, le Lyriacorner (lounge à Paris), des équipages franco-suisses mettant l’accent sur un service attentionné et personnalisé. La mise en service de matériel roulant de dernière génération, des rames Lyria aux couleurs de la marque et aux intérieurs rénovés et adaptés font aussi partie des nouveautés. 

Aujourd’hui, comment se ventilent les résultats entre les lignes Zurich/Bâle et les relations depuis la Suisse romande?

Genève reste notre ligne principale avec 10 à 11 trains par jour dans chaque sens, sur Paris bien sûr, mais aussi vers des destinations du Sud et du Nord de la France, soit quelque 2,5 millions de passagers (42% du total). Lausanne et ses 5 allers et retours quotidiens génèrent 1,2 million de pax (20%). Cela signifie que 3,7 millions de passagers Lyria sont comptabilisés de et vers la Romandie. Les 38% restants se trouvent vers Bâle/Zurich et Berne. 

L’abandon des relations ferroviaires sur Berne/Neuchâtel a-t-il eu des conséquences en termes de trafic?

Oui et plutôt positives. Le fait de passer d’un aller et retour direct à trois en correspondance courte à Frasne a généré 22% de croissance de trafic l’année dernière. Cela démontre que la solution mise en place avec des billets de bout en bout, une visibilité horaire, un accès à tous les services internationaux a été appréciée par la clientèle de ces régions. En ce qui nous concerne, l’impact économique a permis d’améliorer fortement le résultat de la ligne du Jura et de financer la na-vette. 

Ponctuellement, vous lancez des actions tarifaires à moins de 30 euros.
Visez-vous directement les airlines Low Cost ou devenez-vous Low Cost?

Notre positionnement reste très qualitatif et les petits prix en 1re et en 2e donnent droit aux prestations complètes. Nous avons cependant amélioré la transparence de nos prix en refondant notre gamme tarifaire, afin que chacun y trouve son compte et que les promesses soient tenues. Avec le Flex plus cher vous bénéficiez du maximum de flexibilité et d’une palette de prestations supplémentaires. Le Semi Flex vous permet de modifier votre billet moyennant une retenue et le Non Flex, certes plus attractif en matière de prix, est extrêmement restrictif puisque non échangeable/non remboursable. Les promotions permettent à la fois de toucher toutes les catégories de clients, de créer des voyages d’impulsion et aussi, bien sûr, de rester compétitif face à la concurrence aérienne, et pas seulement Low Cost. 

Pourquoi avoir abandonné l’axe Genève-Montpellier?

Pour deux raisons: la première étant que cet axe ne faisait pas vraiment partie du périmètre Lyria, mais de celui d’Elypsos, qui devait l’exploiter en direction de l’Espagne. Il nous avait été confié pour un ou deux ans jusqu’à ce que cette dernière soit prête à l’exploiter, ce qui a pris cependant plus de temps que prévu. La seconde est que nous avons dû faire des choix: la flotte de Lyria étant limitée, nous ne pouvions plus dédier deux rames à l’ex-ploitation, même temporaire, d’une ligne déficitaire.

Vous laissez dans un mois une société florissante. Des regrets?

Non, au contraire beaucoup de fierté! Il y a bien sur des choses que l’on aurait pu faire différemment ou mieux. Mais au vu du chemin parcouru, dans un domaine où la flexibilité et l’innovation ne sont pas encore tout à fait la norme, nous avons réalisé énormément de choses et porté Lyria à un niveau de référence dans le domaine du transport international à grande vitesse. 

Quelle sera votre nouvelle fonction auprès des CFF?

C’est un métier bien différent qui m’attend à mon retour en Suisse, peut-être moins «glamour» et plus «local». Il n’en sera pas moins intéressant avec de beaux défis tels que Léman 2030. Grâce à CEVA et au Simplon, je conserve un peu le côté international et pourrais profiter des contacts et compétences acquis durant mes années Lyria ou Cisalpino. 

DS