«Lyria ne veut pas abandonner la ligne TGV Lausanne–Paris» (Edition 2011-09)

Les CFF et la SNCF ont signé un nouvel accord commercial destiné à renforcer et développer leur partenariat dans l’offre à grande vitesse. Entretien avec Alain Barbey, directeur de Lyria.

Alain Barbey, qu’est-ce qui a motivé la conclusion de ce nouvel accord de longue durée?

Le succès commercial jamais démenti de TGV Lyria depuis près de 20 ans s’est confirmé en 2010. Avec un chiffre d’affaires en progression de 17% à 260 millions d’euros (340 millions CHF). TGV Lyria a ainsi transporté l’année dernière plus de quatre millions de voyageurs, dont 2,3 millions à l’international.

Quels avantages concrets apportera le nouvel accord CFF/SNCF pour les relations TGV Suisse–France?

Tout d’abord, le renforcement pour une période de douze ans au moins du partenariat entre les deux maisons mères, la SNCF et les CFF, est garant de stabilité pour notre société. Ensuite, en donnant à Lyria plus de moyens opérationnels et d’indépendance commerciale, nous allons vraiment pouvoir mettre sur le marché le meilleur produit répondant aux spécificités des relations ferroviaires Suisse– France. Un autre avantage très fort et visible sera que Lyria aura finalement son propre parc de matériel roulant puisque cet accord nous permettra d’acquérir 19 rames modernes et puissantes pour desservir Genève, Lausanne et Berne. 

A travers ce contrat, les partenaires prévoient de confier davantage d’autonomie et de responsabilités à leur filiale commune Lyria SAS, chargée d’optimiser la gestion commerciale et opérationnelle de l’offre TGV Lyria et d’en piloter la qualité de service au quotidien. Ils scellent également leur intention stratégique de dédier à l’activité 19 rames interopérables en Europe (en circulation dès décembre 2012) et d’en transférer la propriété à leur structure commune.

La ligne Lausanne–Vallorbe est-elle condamnée à moyen terme? 

Absolument pas, il existe un marché pour cette ligne que nous ne voulons pas l’abandonner. De plus, le transfert par Genève ne permettrait pas d’ab-sorber le volume global des trains de Lausanne. L’objectif de cette étude  est de chercher des synergies entre ces deux destinations (Lausanne–Genève) qui permettront, d’une part d’offrir plus de fréquences et, d’autre part, de préserver notre modèle économique suite à l’explosion des coûts d’exploitation. 

Avez-vous suffisamment de sillons pour basculer les TGV sur Lausanne–Genève?

Nous parlons de l’horizon 2014. La réponse serait oui, si le nouvel horaire des CFF qui sera mis en place dès décembre 2012 atteint son objectif. Grâce à l’optimisation de l’utilisation du réseau, il permettra d’augmenter le nombre de trains et de places assises (+33%) tout en raccourcissant certains temps de trajets. Les CFF pourraient dès lors mettre à disposition un sillon international chaque heure, qui serait  partagé entre les TGV et les ETR vers Milan.

Dominique Sudan