Madagascar veut travailler de nouveaux marchés européens dont la Suisse (Edition 2015-29)

Saphir à l’état brut dans l’océan Indien, l’île-continent puise des ressources dans des difficultés qu’elle veut surmonter… pas à pas.

Bien sûr, il y a la grève d’Air Madagascar qui a paralysé l’île-continent et annulé nombre de réservations. Difficile d’imaginer l’avenir de la compagnie nationale dont beaucoup attendent une issue aux couleurs de la privatisation.

Directeur Exécutif de l’Office na-tional du tourisme de Madagascar (ONTM), Vola Raveloson, n’en peut mais. Elle sait combien les visiteurs aiment cette île immense aux trésors infinis. Mais, comme souvent, avec son équipe, il faudra encore se retrousser les manches au moment où les fruits allaient passer la promesse des fleurs.

«Nous devons faire avec tout ce qui freine parfois, commente-t-elle. Mais nous avons foi en notre destination et nos opérateurs sont courageux. Nous remercions nos visiteurs qui multi-plient leurs voix pour clamer que, décidément, cette destination se mérite davantage qu’on ne le pense. Ne nous croyez pas résignés, nous faisons tout pour le ciel bleu même s’il y a des choses qui nous échappent.»

L’avenir viendra des nouveaux marchés, mais, pour ce faire, il ne faut pas toujours compter sur le hub de Roissy. Vola Raveloson pense à Francfort, mais aussi aux compagnies du Golfe. «Notre priorité, avoue-t-elle, est de moins dépendre de la France métropolitaine qui représente plus de 50% de la clientèle sans compter nos voisins réunionnais.» En clair, il ne s’agit pas de faire baisser le nombre de touristes français, mais d’en diminuer le pourcentage en travaillant davantage d’autres marchés européens comme la Suisse, la Belgique ou l’Allemagne, mais également le tourisme traditionnel ou d’affaires avec la Chine, le Japon ou la Corée du Sud. Depuis son bureau de l’ONTM, Maryse Aliderson travaille sur les marchés Europe du Nord dont la Suisse fait partie. «Malgré le coût élevé de la destination, souligne-t-elle, la Suisse fait partie de ces quelques marchés ayant à la fois les moyens et l’envie de découvrir la beauté de notre pays. Venir à Madagascar est facile et le visa de moins de 30 jours est gratuit et remis directement à l’aéroport.»

Si elle devait mettre l’accent sur les principaux atouts de Madagascar, l’hospitalité malgache arriverait en tête. «Ensuite, il y a cette nature merveilleuse, les parcs nationaux et leurs espèces endémiques, la grande diversité des paysages.» Quelle est la marge de manœuvre pour soutenir les profession-nels suisses? «Les éductours, les infos, la présence sur les salons, les manifestations spéciales sont des impératifs. Selon les demandes et les opportunités qui s’offrent – et nous l’avons déjà réalisé à maintes reprises – nous essaie-rons toujours de les mener à bien pour autant que nos moyens et nos budgets le permettent. Nous étudierons très sérieusement les demandes.»

Maryse Aliderson est persuadée que Madagascar fait partie des grandes niches touristiques de demain. «Le tou-risme sera le principal levier de notre économie. Nous misons sur le tourisme durable et écologique comme sur nos atouts culturels. Grâce à nos opérateurs locaux, les visiteurs sont heureux de découvrir le mode de vie et l’identité de chaque population-ethnie, de séjourner chez l’habitant, de randonner dans des villages où le zébu reste le seul moyen de transport.»

Sans doute faudra-t-il régler une fois pour toutes le problème des liaisons internes, mais l’espoir est bel et bien là avec, en prime, le développement des croisières qui offre un joli cocktail vanillé entre Seychelles, Maurice, La Réunion et Madagascar.

Alain Bossu