Manque une tête romande (Edition 2008-13)

Alain Bossu à propos de Lufthansa

En déployant plus largement ses ailes ou, en tout cas, sa capacité, au
départ de Genève sur Munich, Lufthansa montre à quel point est
important pour elle le marché romand. Et à quel point il est également
essentiel de proposer à la clientèle romande des solutions de transit
plus confortables. Il ne s’agit pas seulement d’y voir le deuxième
effet Star Alliance. C’est aussi la preuve que l’idée du voyage en
Allemagne, comme celle d’un transit en Allemagne pour des destinations
lointaines, a fait son chemin, en business comme en loisirs.

Actualité oblige, l’arrivée de jets (A319 ou 320 et B737) permet
d’augmenter la capacité puisque l’on passe de 70 ou 80 sièges à 127 ou
132 selon les appareils. Même avec des fréquences réduites, 6 au lieu
de 8 sur Munich, cela signifie une augmentation de capacité de 15%
environ. Mais c’est à un véritable travail de fond que se livre la
compagnie en Suisse romande.

Lufthansa est présente sur quatre destinations allemandes au départ de
Genève, Francfort (7x jour), Munich (6x jour), Düsseldorf (3x jour) et
Hambourg (2x jour), la compagnie joue à la fois la carte des affaires
et du tourisme en Allemagne comme les connexions à partir de Francfort
et Munich, avec un accident porté sur la capitale bavaroise qui permet
des temps de transit plus court (35 minutes) et un avantage avec les
jets qui n’obligeront plus à se positionner tout au bout de l’aéroport.
L’intérêt réside aussi dans le développement d’une deuxième
fréquence sur Hambourg alors qu’EasyJet abandonne. La preuve sans doute
que l’effet des petits tarifs «A bientôt» lancés par Lufthansa vers les
quatre métropoles allemandes au départ de Genève n’est pas passé
inaperçu.

Reste, et ce n’est pas un petit rien, qu’il manque quand même une
véritable tête romande, un vrai représentant de la compagnie à Genève
et pas seulement des commerciaux qui font par ailleurs très bien leur
travail. Lorsque l’on regarde de plus près les chiffres, il est évident
que la partie alémanique pèse très lourd dans le marché général
helvético-germanique. Il en va différemment lorsque l’on compare les
données liées au transit long-courrier à Francfort et Munich. Le marché
romand suit alors un tout autre genre de courbe.

Normal, la Suisse romande dispose d’un très important réservoir
économique tourné vers l’export, sans parler des organisations
internationales de toutes sortes. Et ces entreprises ont besoin de
rencontrer UN interlocuteur responsable comme d’autres compagnies ont
su tisser des liens au fil du temps et comme Werner Kellerhals l’a fait
pour Lufthansa lorsqu’il était en poste à Genève. Une direction unique
basée à Zurich est très certainement intéressante d’un point de vue
économique, mais elle ne remplace pas un contact humain.

Avec 18 vols quotidiens sur quatre villes allemandes et de très
nombreuses connexions possibles dans le monde entier, il n’est pas
interdit de penser que, même si Lufthansa se trouve physiquement à
Genève dans les locaux de Swiss, Star Alliance oblige, ce poste devrait
être repourvu. Pour tout dire, notre petit doigt nous incite à croire
que Lufthansa y songe de plus en plus sérieusement et qu’elle aurait
bien raison d’aller au bout de la réflexion.￿