Ne pas casser ce qui a été construit! (Edition 2012-39)

Mue de Swiss sur le marché domestique

En annonçant sa démission à ses supérieurs et à son équipe, Ivan Haralambof avait surpris tout le monde, sauf peut-être Rudolf Schumacher, directeur pour la Suisse et compagnon de route depuis des lustres. Aujourd’hui, le francophile Markus Schmid a repris les rênes de la compagnie en Suisse romande et promis, devant les responsables de l’aéroport, de Genève Tourisme et des milieux industriels et hôteliers, qu’il poursuivrait l’immense travail accompli en huit ans par son prédécesseur. 

A l’arrivée d’Haralambof, les données étaient claires: Swiss perdait de l’argent à Genève où elle ne disposait que de quatre avions; l’aéroport, la presse, les agents de voyages et les clients se liguaient contre elle. Bref, une image catastrophique. Aujourd’hui, Swiss a dix appareils à Genève, son réseau s’est agrandi, ses parts de marché ont pris l’ascenseur et sa cote auprès des principaux partenaires et clients est très élevée. 

Un tel virage n’aurait jamais été négocié avec succès sans le duo Schumacher-Haralambof. Or, le premier vient d’annoncer son départ à la retraite anticipée pour la fin de l’année. En parfaite osmose, le duo a presque toujours trouvé les mots justes pour convaincre, même si la branche ne partageait pas forcément le même avis. C’est cette alchimie qui a réussi à Swiss au plan national. Aujourd’hui, le contexte change radicalement et il est désormais acquis qu’il n’y aura plus de paire Schumacher-Haralambof pour parler le même langage face à Zurich et Francfort.

Sans nullement mettre en doute les bonnes intentions du nouveau patron pour la Suisse romande, il ne faut pas oublier le contexte d’aujourd’hui. Par exemple le projet «Calvin», où tous les domaines sont passés au crible afin de définir toutes les réductions de coûts possibles. Au plan local, il ne faudrait pas que «Calvin» assomme sa propre cité! Car la Suisse romande a un potentiel qu’il convient de ne pas sous-estimer. Ce qui ne signifie pas non plus qu’il faille lui promettre un développement spectaculaire. Au contraire, il s’agit de ne pas casser ce qui a été construit – on pense, pour la branche, à ce fameux helpdesk romand cité en exemple par tous les agents de voyages tant il est efficace – et de poursuivre dans la voie d’un développement stratégique qualitatif, comme ces dernières années. C’est là le plus gros défi qui attend Markus Schmid face à la nouvelle direction du marché suisse.

Dominique Sudan