Ne pas peindre le diable sur la muraille (Edition 2009-18)

Dominique Sudan à propos de l’état des réservations

Les grands TOs qui permettent aussi de prendre le pouls de la branche
affichent des résultats négatifs au terme des quatre premiers mois de
l’année. Les divisions Smart et Style de Kuoni n’y échappent pas, TUI
Suisse non plus. Seul M-Travel Switzerland tire son épingle du jeu dans
le segment court et moyen-courrier estival, avec une (faible) embellie
liée à l’importante augmentation de la programmation charter.

Dans les agences de voyages, le constat est identique: le recul du
volume d’affaires est une réalité qu’il convient d’admettre sans se
voiler la face. Cela ne signifie pas que les distributeurs sont aux
abois: un rapide tour de Romandie permet en effet de constater que nul
ne dramatise. Au lieu de céder à la sinistrose ambiante, les
distributeurs préfèrent s’adapter. De toute manière, personne n’est en
mesure d’émettre le moindre pronostic pour la haute saison qui peine
aujourd’hui. La crise économique est là, la clientèle familiale
générant le gros du volume balnéaire se fait attendre, les séjours
raccourcissent et le budget alloué aux vacances semble moins élevé, sur
les réservations déjà confirmées s’entend.

En adoptant l’attitude positive qui est actuellement la leur, les
distributeurs contribueront aussi à rassurer cette clientèle frileuse
et attentiste qui éprouve de réelles difficultés à se prononcer. Là, il
convient d’admettre que les titres réducteurs de certains médias grand
public ne contribuent nullement à rassurer la clientèle. Les agences de
voyages ont donc tout à fait raison de renoncer à peindre le diable sur
la muraille: il y va en premier lieu de la bonne marche de leurs
affaires. Seuls une attitude positive, un conseil avisé, une parfaite
connaissance des produits et des offres des producteurs permettront de
renverser la vapeur pour, finalement, vivre «normalement» une saison
estivale qui peine à démarrer.

Toutefois, il ne faut pas se leurrer: les quinze à vingt pour-cent
perdus sur quatre mois seront difficilement récupérables. Car même si
le marché se réveille, les TOs, qui sont aussi les affréteurs des
chaînes charters, risquent fort d’anticiper un été maussade en prenant
rapidement les mesures qui s’imposent, Certains l’ont déjà fait en mars
en annulant différentes rotations.

Ce n’est donc que par l’attitude résolument positive qu’elles
manifestent actuellement, que les agences de voyages réussiront à
limiter la casse charter et à retrouver, par conséquent, un volume
d’affaires décent.