Ne plus vivre en vase clos (Edition 2008-09)

Dominique Sudan à propos des taxes GDS

Jamais jusqu’ici les associations, groupements et autres fédérations
d’agences de voyages n’avaient fait preuve d’une telle volonté de tirer
à la même corde. La Suisse n’est pas la seule concernée puisque ses
deux voisins germanophones exercent la même pression. Swiss et
Lufthansa n’ont pas respecté le plus élémentaire code d’honneur,
attitude que les agences de voyages ne pardonneront pas tant qu’une
solution convenable ne sera pas négociée. Pour la grande Lufthansa, la
réaction des agences de voyages n’est, peut-être, qu’un détail de
l’Histoire.

Mais Swiss International Air Lines devrait, elle, se souvenir de son
passé récent: sans le soutien massif, fidèle et presque inconditionnel
des distributeurs, des TOs et des spécialistes du Business Travel de ce
pays, elle aurait sans doute manqué son décollage. Et si tel avait été
le cas, elle aurait moins intéressé sa maison mère d’aujourd’hui.

La réaction des agences de voyages n’en est que plus violente. Car les
agences ne sont pas dupes: les tarifs préférentiels équivalent bel et
bien à une augmentation déguisées des tarifs qui trompe le passager
puisqu’il incombe à l’agent de voyages d’expliquer cette énième taxe
s’ajoutant au premier prix articulé. Au lieu de majorer discrètement
les tarifs d’une petite dizaine de francs par segment, Swiss et
Lufthansa ont opté pour la manière forte: celle du diktat. Le bras de
fer est désormais inévitable car, depuis l’épisode de la commission
zéro, les agences de voyages ont décidé de ne plus céder. Visiblement,
le climat est pourri entre Swiss et la FSAV même si chacun s’évertue à
répéter que le dialogue demeure ouvert. Il serait étonnant qu’il en
aille autrement la semaine prochaine à Francfort, fief de Lufthansa.

Si la grève partielle, le boycott ou le shifting serviront sans doute
de moyens de pression sur Lufthansa et Swiss, la Fédération ferait bien
de ne pas vivre en vase clos: il est faux de prétendre que les clients
ne s’intéressent pas particulièrement à la confrontation entre les
agences et les deux airlines. Au contraire, les passagers seront les
premiers concernés le 1er octobre prochain lorsque chaque vol aller et
retour au départ de Genève et via Zurich sera frappé d’une taxe GDS de
quatre fois huit francs. Le débat est donc d’intérêt public puisque
c’est le client final qui passera à la caisse. Ou qui choisira son
canal de distribution.

Depuis le début de cette affaire, les deux compagnies aériennes ont
plutôt cherché à faire avaler des couleuvres aux agences. La
communication a été misérable alors que le sujet est très chaud.
Lorsque les organismes de protection des consommateurs se pencheront
sur la question,
il s’agira de revoir sa copie. C’est pour bientôt.