«Ne rien faire serait aberrant» (Edition 2012-27)

Alexandre de Juniac, président d’Air France accompagne un plan social très douloureux d’un dynamisme pour la reconquête commerciale.

D’un côté, il y a Pierre Graff, président-directeur général d’Aéroports de Paris, qui se réjouit de voir Roissy CDG renforcer sa place en Europe grâce à l’ouverture, dans le terminal E, du nouveau satellite S4 dédié à Air France-KLM et ses partenaires de Skyteam. Il sait que le deuxième aéroport européen a besoin de cette révolution pour franchir une nouvelle dimension… parce que les passagers comparent.

De l’autre, Alexandre de Juniac, président d’Air France, ne cherche pas à masquer que la vie est ainsi faite qu’elle peut offrir deux faces en même temps. Dans la matinée du 28 juin, le patron d’Air France annonce un très douloureux plan social avec 5122 suppressions de postes ces prochains dix-huit mois (10% des effectifs). Dans l’après-midi, il se réjouit de l’ouverture de ce satellite dédié et d’un salon Business à faire rêver le monde entier.

Indécent? «C’est ne rien faire qui serait aberrant, balaie Alexandre de Juniac. Il y a malheureusement des sureffectifs et, donc, des coûts à réduire en même temps que des investissements indispensables à réaliser, au sol comme dans les avions. Il serait choquant de n’offrir que des prestations médiocres.»

Le patron d’Air France ne dit mot sur d’éventuelles nouvelles alliances internationales, en particulier avec Etihad Airways. L’heure n’est pas davantage à la discussion de salon sur l’outil de la croissance en court et moyen-courrier qui s’appelle évidemment Transavia, la filiale Low Cost. Rien non plus sur le regroupement du pôle régional Britair-Regional-Airliner.

Sa priorité est de tout mettre en œuvre pour séduire ou fidéliser la clientèle tout en menant à bien le plan «Transform 2015» qui prévoit d’économiser deux milliards d’euros sur trois ans. Possible? Une étude du Credit Suisse du 22 juin exprime un retour de la compagnie dans le vert en 2014 en cas d’acceptation et de mise en route du plan.

«Un outil de reconquête commerciale» 

En inaugurant le salon Business d’Air France et de ses partenaires Skyteam dans le nouveau satellite S4, le président d’Air France ne passe pas des annonces douloureuses du matin à un après-midi récréatif. «La concurrence entre les hubs est frontale, reconnaît Alexandre de Juniac, en particulier pour le Business. Le hub est le cœur stratégique, l’élément de la compétitivité par rapport à Londres, Francfort et Zurich.»

En chiffres, 13 millions d’euros ont été investis dans ce salon de plus de 3000m²
situé au centre du nouveau satellite. Il offre toutes les facilités que le passager est en droit d’attendre et 620 sièges sur différents espaces, dans un concept dédié au bien-être. «Il ne s’agit pas seulement d’un espace d’attente, poursuit Alexandre de Juniac, mais d’un fabuleux outil de reconquête commerciale.»

On pourra y travailler à la lumière du jour, bénéficier de tablettes numériques, d’espaces pour se restaurer, d’un centre de remise en forme Clarins, autant d’espaces dédiés où le personnel est à l’écoute. Un carré VIP offre des espaces plus intimes pour des groupes ou des délégations. 

Alain Bossu, Roissy