Dun côté, il y a Pierre Graff, président-directeur général dAéroports de Paris, qui se réjouit de voir Roissy CDG renforcer sa place en Europe grâce à louverture, dans le terminal E, du nouveau satellite S4 dédié à Air France-KLM et ses partenaires de Skyteam. Il sait que le deuxième aéroport européen a besoin de cette révolution pour franchir une nouvelle dimension parce que les passagers comparent.
De lautre, Alexandre de Juniac, président dAir France, ne cherche pas à masquer que la vie est ainsi faite quelle peut offrir deux faces en même temps. Dans la matinée du 28 juin, le patron dAir France annonce un très douloureux plan social avec 5122 suppressions de postes ces prochains dix-huit mois (10% des effectifs). Dans laprès-midi, il se réjouit de louverture de ce satellite dédié et dun salon Business à faire rêver le monde entier.
Indécent? «Cest ne rien faire qui serait aberrant, balaie Alexandre de Juniac. Il y a malheureusement des sureffectifs et, donc, des coûts à réduire en même temps que des investissements indispensables à réaliser, au sol comme dans les avions. Il serait choquant de noffrir que des prestations médiocres.»
Le patron dAir France ne dit mot sur déventuelles nouvelles alliances internationales, en particulier avec Etihad Airways. Lheure nest pas davantage à la discussion de salon sur loutil de la croissance en court et moyen-courrier qui sappelle évidemment Transavia, la filiale Low Cost. Rien non plus sur le regroupement du pôle régional Britair-Regional-Airliner.
Sa priorité est de tout mettre en uvre pour séduire ou fidéliser la clientèle tout en menant à bien le plan «Transform 2015» qui prévoit déconomiser deux milliards deuros sur trois ans. Possible? Une étude du Credit Suisse du 22 juin exprime un retour de la compagnie dans le vert en 2014 en cas dacceptation et de mise en route du plan.
«Un outil de reconquête commerciale»
En inaugurant le salon Business dAir France et de ses partenaires Skyteam dans le nouveau satellite S4, le président dAir France ne passe pas des annonces douloureuses du matin à un après-midi récréatif. «La concurrence entre les hubs est frontale, reconnaît Alexandre de Juniac, en particulier pour le Business. Le hub est le cur stratégique, lélément de la compétitivité par rapport à Londres, Francfort et Zurich.»
En chiffres, 13 millions deuros ont été investis dans ce salon de plus de 3000m²
situé au centre du nouveau satellite. Il offre toutes les facilités que le passager est en droit dattendre et 620 sièges sur différents espaces, dans un concept dédié au bien-être. «Il ne sagit pas seulement dun espace dattente, poursuit Alexandre de Juniac, mais dun fabuleux outil de reconquête commerciale.»
On pourra y travailler à la lumière du jour, bénéficier de tablettes numériques, despaces pour se restaurer, dun centre de remise en forme Clarins, autant despaces dédiés où le personnel est à lécoute. Un carré VIP offre des espaces plus intimes pour des groupes ou des délégations.
Alain Bossu, Roissy