Swiss investit donc cinq milliards dans le renouvellement de sa flotte, lexpansion du réseau et les innovations à bord dans le but de devenir la compagnie leader en Europe. Cette stratégie dentreprise joliment baptisée «Next Generation Airline of Switzerland» constitue en réalité une double réponse au segment Low Cost et à lagressivité des compagnies du golfe Persique et de leurs partenaires, en particulier Etihad Airways et sa petite sur «suisse» initialement baptisée Darwin.
Il y a une année, Genève avait servi de cobaye et jeté les bases de la stratégie dévoilée cette semaine: lancement de tarifs oneway à plusieurs vitesses et développement du réseau européen, avec le trafic Incoming comme cible hivernale et le balnéaire pour lété, étaient alors les deux piliers de cette stratégie point à point visant directement Easyjet, même si Swiss sen défendait. A cette même époque, la direction martelait que ce modèle genevois ne serait pas applicable à Zurich, où la stratégie de hub prévalait. Les vérités dhier ne sont pas forcément celles daujourdhui.
Comme cest le cas à Genève où elle se heurte sur plusieurs axes à des com-pagnies régulières parfois membres de la même alliance, en loccurrence Star Alliance, Swiss fera face à Zurich à la même concurrence, sur de nombreuses routes. Et si la stratégie appliquée à Genève depuis une année a permis datteindre une augmentation à deux chiffres du taux de remplissage, rien ne filtre sur le chiffre daffaires dégagé et la rentabilité des opérations.
Pour 2015, la priorité numéro un de Swiss sera donc européenne, avec toutes les incertitudes que cela comporte face à des Easyjet (64 destinations à Genève), Air Berlin (31 destinations à Zurich) et Etihad Regional. LEurope, où la consolidation nest de loin de pas terminée mais inéluctable pour mémoire, cinq airlines génèrent 70% du volume daffaires aux USA sera donc un vaste champ de bataille où il y aura des perdants et des gagnants. Prise entre le marteau et lenclume, Swiss devait réagir. Car il sagit bien dune réaction directe aux airlines accusées de fausser la donne.
Dominique Sudan