Nouvelle stratégie de Swiss (Edition 2014-41)

Prise entre le marteau et l’enclume

Swiss investit donc cinq milliards dans le renouvellement de sa flotte, l’expansion du réseau et les innovations à bord dans le but de devenir la compagnie leader en Europe. Cette stratégie d’entreprise joliment baptisée «Next Generation Airline of Switzerland» constitue en réalité une double réponse au segment Low Cost et à l’agressivité des compagnies du golfe Persique et de leurs partenaires, en particulier Etihad Airways et sa petite sœur «suisse» initialement baptisée Darwin.

Il y a une année, Genève avait servi de cobaye et jeté les bases de la stratégie dévoilée cette semaine: lancement de tarifs oneway à plusieurs vitesses et développement du réseau européen, avec le trafic Incoming comme cible hivernale et le balnéaire pour l’été, étaient alors les deux piliers de cette stratégie point à point visant directement Easyjet, même si Swiss s’en défendait. A cette même époque, la direction martelait que ce modèle genevois ne serait pas applicable à Zurich, où la stratégie de hub prévalait. Les vérités d’hier ne sont pas forcément celles d’aujourd’hui.

Comme c’est le cas à Genève où elle se heurte sur plusieurs axes à des com-pagnies régulières parfois membres de la même alliance, en l’occurrence Star Alliance, Swiss fera face à Zurich à la même concurrence, sur de nombreuses routes. Et si la stratégie appliquée à Genève depuis une année a permis d’atteindre une augmentation à deux chiffres du taux de remplissage, rien ne filtre sur le chiffre d’affaires dégagé et la rentabilité des opérations. 

Pour 2015, la priorité numéro un de Swiss sera donc européenne, avec toutes les incertitudes que cela comporte face à des Easyjet (64 destinations à Genève), Air Berlin (31 destinations à Zurich) et Etihad Regional. L’Europe, où la consolidation n’est de loin de pas terminée mais inéluctable – pour mémoire, cinq airlines génèrent 70% du volume d’affaires aux USA…– sera donc un vaste champ de bataille où il y aura des perdants et des gagnants. Prise entre le marteau et l’enclume, Swiss devait réagir. Car il s’agit bien d’une réaction directe aux airlines accusées de fausser la donne.

Dominique Sudan