Oneworld privilégie la qualité (Edition 2008-47)

L’alliance qui fêtera ses 10 ans en février prochain mise sur une approche humaniste du marché.

Il y a bientôt 10 ans, American Airlines, British Airways, Cathay
Pacific, Iberia et Qantas donnaient naissance à la deuxième alliance
mondiale, Oneworld. Aujourd’hui, l’alliance s’est étendue à dix membres
avec Finnair et LAN, ainsi que Japan Airlines, Malév et Royal Jordanian
qui ont tous trois adhéré à Oneworld le 1er avril 2007.

Récemment, Oneworld a redistribué six marchés d’Europe continentale
parmi lesquels figure la Suisse. Basée chez American Airlines à Paris,
Isabelle Gannoun s’est vue attribuer la responsabilité de la France, de
l’Italie et de la Suisse. A Amsterdam, sa collègue supervise les
Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne, zone à laquelle la Suisse était
précédemment rattachée.
Née moins d’une année après Star Alliance, Oneworld a-t-elle été portée
sur les fonts baptismaux en réaction à la création de l’alliance
concurrente? «Nullement, répond Isabelle Gannoun. A cette époque, les
regroupements aériens étaient à l’ordre du jour chez toutes les
compagnies aériennes.»

Si, avec ses dix membres actuels (plus certaines filiales de compagnies
membres), Oneworld semble appliquer une politique plus restrictive en
termes d’adhésion, c’est que l’alliance a fait de la qualité son
objectif principal: «Elargir Oneworld au plus grand nombre d’airlines
n’a jamais été notre but. Nous privilégions clairement la qualité.
C’est comme dans un mariage: les deux parties doivent y trouver leur
intérêt. Chez nous, le processus d’adhésion est relativement long.
Entre le moment où un candidat est officiellement annoncé, une période
d’environ dix-huit mois s’écoule jusqu’à l’entrée formelle dans
Oneworld. Ce laps de temps permet au nouveau venu d’être opérationnel
dès le premier jour en termes de produit, de grilles tarifaires ou de
GDS. En 2005 par exemple, tous nos membres étaient déjà parés pour
l’E-Ticketing», poursuit Isabelle Gannoun. Ainsi, l’élargissement à
Mexicana a été annoncé en avril dernier mais l’adhésion ne se fera qu’à
la mi-2009.

Après Mexicana, d’autres airlines devraient suivre mais, dans ce
domaine, Oneworld préfère aussi adopter une attitude Low Profile plutôt
qu’annoncer un développement qui ne se fera pas. Et comme d’autres,
c’est bien entendu vers la Chine et l’Inde que les regards se tournent.
Mais face à d’autres, Oneworld se dit pénalisée: elle ne bénéficie pas
des mêmes libertés que les
autres malgré le fait que les conditions cadres ont changé depuis qu’un
nombre élevé de slots a été libéré et attribué à d’autres sur le hub de
Londres-Heathrow. L’alliance a déjà annoncé la mise en place d’un JBA
(Joint Business Agreement) sur l’Atlantique Nord entre American,
British Airways et Iberia. Aux USA, le DOT (Département des transports)
planche actuellement sur l’immunité antitrust demandée et dispose d’une
période de six mois pour se prononcer. Mais il serait étonnant que la
demande de Oneworld visant à offrir les meilleures conditions possibles
aux passagers n’aboutisse pas. Cette immunité sera étendue à l’Europe
ainsi qu’à la Norvège et à la Suisse.

Localement, Oneworld aspire désormais à une approche humaniste du
marché: à Genève, cinq membres de l’alliance sont on-line (British
Airways, Finnair, Iberia, Malév et Royal Jordanian) et sept ont un
représentant permanent, avec Japan Airlines et Qantas. De plus, agents
de voyages et TOs disposent désormais d’une interlocutrice francophone,
ce qui n’avait jamais été le cas précédemment.

Dominique Sudan