Aussi bonne soit-elle pour le support aux agences de voyages, aussi discutable est-elle pour limage de la compagnie: «Under one roof» oblige, Lufthansa naura plus de responsable pour la Suisse romande, une première dans lHistoire. Si la récente réunion sous un même toit (celui de Swiss) des équipes de vente et de réservation de Lufthansa permet de maintenir un traitement local et personnalisé des distributeurs, labsence dun vrai responsable régional se fera sentir tôt ou tard.
Car il nappartient pas à Swiss ni à son directeur pour la Suisse francophone de défendre les intérêts commerciaux de la compagnie allemande sur limportant marché romand: en effet, les trois «Sales» de Lufthansa dépendent désormais de la direction de Zurich, avec léloignement physique et psychologique que cela implique. Quant à Swiss, elle est contrainte dappréhender le marché romand en poussant trois hubs, dont Zurich, sa priorité.
Or, Lufthansa pèse lourd ici: les deux hubs de Francfort et Munich sont reliés à Genève huit fois par jour; Hambourg, Düsseldorf et Stuttgart complètent le programme; la part des passagers poursuivant leur voyage au-delà des deux plates-formes allemandes est extrêmement élevée, celle des voyageurs de «haute contribution» lest tout autant. Lufthansa est également un ténor en matière de parts de marché BSP et son chiffre daffaires annuel réalisé sur la seule Suisse romande peut être estimé à près de 80 millions deuros. Mais il ny aura plus de pilote dans lavion lorsque Werner Kellerhals aura emménagé à Tunis.
Or, la stratégie «Under one roof» ninterdisait nullement le maintien à Genève dun poste de directeur régional. Lufthansa ne ladmet pas encore mais elle a grand besoin dun ambassadeur permanent en Suisse romande. Pour préserver ce qui nest jamais acquis face à une concurrence franco-anglaise qui, elle, conserve une importante structure commerciale sur place. Les grands clients de Lufthansa ils sont légion dans la Genève internationale apprécieront diversement de ne plus avoir dinterlocuteur direct au niveau du management.
Restructurer dans le but de réduire les coûts est une chose, courir le risque de perdre en visibilité en est une autre. Cest cette option que Lufthansa a choisie en Suisse romande. Il nest pas sûr du tout quelle ne revienne pas un jour sur sa décision.