«Plus motivés que jamais!» (Edition 2015-05)

Entretien avec Marcel Bürgin, CEO de Kuoni Suisse, après l’annonce de l’abandon des activités de voyagiste au niveau de Kuoni Group.

Marcel Bürgin, quand avez-vous eu connaissance de la décision prise par le groupe de vendre l’unité Outgoing?

C’est à relativement court terme que j’en ai eu connaissance, ce qui est compréhensible. Seul un cercle restreint en était informé au sein du groupe. Nous avons pris immédiatement une série de mesures afin de réunir un maximum d’informations pour la communication interne et externe. Mais les grands titres de certains médias nous ont irrités; ils ont malheureusement entretenu un climat d’insécurité et entamé la confiance de certaines personnes. Or, les activités de Kuoni Suisse se poursuivent tout à fait normalement. Il ne s’agit que d’un changement de propriétaire.

Votre première réaction?

J’ai été naturellement surpris, mais j’ai rapidement saisi le sens de cette décision pour le groupe. Kuoni Suisse suit un autre chemin que d’autres unités du groupe, fortement orientées sur des champs d’activités globaux B2B, sur les canaux électroniques et sur la masse. Lorsqu’on dit Kuoni, chacun en Suisse ne pense qu’à Kuoni Suisse. L’on oublie que nous ne sommes qu’une partie d’un groupe global. Kuoni Group veut se concentrer sur d’autres champs d’activité, dans lesquels il est plus puissant que dans les activités classiques de voyagiste et où l’on voit des chances de croissance. En 2009, la part du Touroperating représentait 75% du chiffre d’affaires du groupe. En 2014, le taux était encore de 39%. Selon le bilan provisoire, Kuoni Suisse a généré en 2014 un résultat de CHF 680 millions, pour 1300 collaborateurs.

 

Et les autres réactions?

Je conçois qu’un climat d’insé-curité ait pu s’installer au sein de nos collaborateurs et des agences de voyages partenaires. C’est pourquoi il était si important d’informer en temps réel à l’interne comme à l’externe. La situation initiale de Kuoni Suisse n’a pas changé. Qu’il s’agisse d’un collaborateur ou d’un fournisseur, de la clientèle ou des agences de voyages, aucune de ces parties n’a de souci à se faire. Nous ne fermons pas, mais travaillons d’arrache-pied, plus motivés que jamais. Nous avons reçu bien des feedback positifs et avons pu dissiper les malentendus. Le premier choc a été surmonté, je le sens lorsque je me déplace dans les bureaux et que je parle aux collaborateurs.

Etes-vous impliqué dans le processus de vente?

Oui, étant donné que nous devons réunir certaines documentations afin de présenter aux repreneurs intéressés le profil le plus complet de nos activités, de nos contrats, de nos finances et plus encore. 

Un agenda est-il établi?

Ce processus de longue haleine nécessitera plusieurs mois. Nous entendons préparer ceci sérieusement et sans pression temporelle. C’est alors que nous pourrons nous entretenir avec des acheteurs potentiels. Kuoni Suisse n’est pas en voie d’assainissement, mais une entreprise rentable, qui peut aussi engranger des bénéfices cette année. Dans cette optique, nous ne recherchons pas quelqu’un pour nous reprendre, mais quelqu’un qui continuera d’investir et de gagner de l’argent grâce à nos activités. Nous sommes à la recherche d’un acheteur pour tout ce que réunit Kuoni Suisse, c’est-à-dire le Tour-operating, les marques spéciali-sées et le réseau de succursales.

Des places de travail seront-elles en jeu?

Ni aujourd’hui ni à un autre moment je ne serai en mesure de fournir une garantie d’emploi, car nous sommes depuis des années en pleine restructuration. Je crois bien que cette décision constitue une chance pour Kuoni Suisse.

L’avenir sera-t-il aussi couronné de succès?

Nos activités s’appuient sur la puissance que nous avons sur le marché suisse en raison de notre taille, de notre degré de notoriété, de notre qualité, de nos collaborateurs hautement compétents, de notre sens de l’innovation et de bien d’autres éléments. A l’avenir, nous pourrons nous concentrer davantage sur certains thèmes. Un acheteur y verra des synergies et croira en notre concept; il n’aura certainement aucun intérêt à nous démolir. Suite à l’arrivée le 12 janvier du chef TO, Marco Amos, la direction de Kuoni Suisse est maintenant au complet. Cela fonctionne très bien et nous tirons tous à la même corde. 

Il n’y a aucune suspension d’embauche ni frein à l’investisse-ment sur le futur. Nos activités se poursuivent normalement et nous œuvrons comme prévu sur leur développement. C’est le cas à Lausanne où quatre spécialistes logeront tout prochainement sous un même toit, et peut-être davantage à moyen terme.

Qui voyez-vous comme acheteur potentiel?

Je ne vais pas spéculer sur des noms. Fondamentalement, je n’ai aucune préférence; qu’il s’agisse d’un acteur de la branche ou d’une entre-prise extérieure, les deux auront des avantages comme des inconvénients. Nous voulons continuer à obtenir du succès en Suisse avec des marques au haut degré de notoriété.  C’est pour cela que je souhaite un acheteur partageant nos idées et nos valeurs. Et qui nous donne les perspectives dont nous avons besoin en tant que Kuoni Suisse. Mais, au final, l’acheteur décide. Nous sommes une fiancée séduisante! 

Angelo Heuberger/Urs Hirt/Dominique Sudan