Prix et volume, les pôles de la branche (Edition 2012-13)

Cédric Diserens à propos des réservations en agence

La crise n’est pas là, du moins pas de la manière dont on pourrait l’imaginer. Certes, la situation économique n’est pas rose et le secteur des voyages n’est pas épargné par les retombées, qu’elles soient directes ou indirectes. Les vacances de Pâques montrent qu’en dépit de l’irrégularité qui les caractérise – on parle ici du changement constant de dates de cette série de fériés –, elles sont toujours prisées des touristes. Ce qui a changé en revanche, c’est le comportement des clients. Ceux-ci s’in-forment sur Internet.

Ce qui ne devrait être qu’un avantage pour l’agent – le client informé devrait être plus aisé à conseiller puisqu’il est déjà au fait de certains points – se révèle au final un obstacle. Tout d’abord, la politique générale de vente des voyages a pris un tournant qui montre aujourd’hui ses limites: pour combattre le Last Minute, plusieurs producteurs (voyagistes, opérateurs de croisières) sont arrivés avec le «First Minute» et les autres types de réductions pour les réservations anticipées. Une partie de la clientèle a fini par adopter cette tendance.

Le revers de la médaille, c’est que pour être attractif, il faut être concurrentiel au niveau du prix. La lutte pour le «First Minute» le plus séduisant commence donc avec des réductions de plus en plus basses. Le problème de cette politique est que le revendeur n’entre pas en ligne de compte dans cette lutte des producteurs pour attirer la clientèle. S’il n’est pas impensable qu’une agence soit dépassée par un portail Internet global, il est plus difficile de faire comprendre au client qu’un produit estampillé Helvetic Tours est plus cher qu’un autre produit visuellement similaire, tout simplement parce qu’il se nomme X-Helvetic Tours.

Tout n’est pas noir cependant et tous admettent avoir une clientèle fidèle qui accorde sa confiance au savoir-faire et au service de l’agence. Certains observent même le retour en agence d’une clientèle plus jeune et pourtant susceptible de partir sur Internet. La recherche du conseil existe donc toujours et Internet a également montré ses limites en la matière, que ce soit avec les «affaires» des fausses évaluations ou faux commentaires. Et parfois les clients réalisent l’ampleur du travail requis pour un voyage sans soucis.

Ce qui ressort en revanche de la situation actuelle, c’est que le volume, en termes de passagers ou de dossiers, augmente, mais le chiffre d’affaires stagne, lorsqu’il ne baisse pas. Les effets pervers de cette situation sont que la masse de travail s’accroît, mais que parallèlement, les revenus ne permettent pas de se doter des forces nécessaires. L’entreprise fonctionne donc, mais à un rythme dangereusement élevé.