Projet de gestionnaire de commerce de détail (Edition 2014-49)

Une idée saugrenue nullement adaptée au métier

Depuis des années les mêmes jérémiades: la branche n’est pas protégée; des amateurs et des hors-la-loi écornent l’image des vrais professionnels; nos connaissances et notre savoir-faire ne sont pas reconnus; Internet met à mal ces mêmes connaissances. Cette liste n’est, de loin, pas exhaustive. Sur pression évidente des grands TOs, voilà que l’idée de relancer le projet de gestionnaire du commerce de détail a ressurgi au printemps dernier, sept ans après l’abandon d’un projet presque identique. On se pince.

Décemment, la Fédération suisse du voyage ne pouvait cautionner cette forma-
tion à deux vitesses, hautement préjudiciable au maintien d’un niveau de compétences élevé. Si les grands veulent du «hard selling», libre à eux de le faire. Mais accélérer un nivellement par le bas en soutenant un projet bancal destiné à toute la profession eût été suicidaire: principalement en raison d’un niveau salarial souvent décrié, la branche des voyages perd déjà suffisamment de forces vives au bénéfice d’un CFC; en optant pour la formation de gestionnaire en commerce de détail où futurs agents et vendeurs en supermarché se seraient côtoyés, la branche se serait tiré une balle dans le pied. Ce projet, fort heureusement classé pour de nombreuses années, n’est tout simplement pas adapté au secteur. De plus, il serait irréalisable en Suisse romande en raison de la philosophie régionale défendue depuis des années. 

Comme l’atteste la dernière mouture de l’étude d’Allianz Global Assistance, le client entretient une relation de confiance avec son agence et lui demeure fidèle. La relation personnelle avec le conseiller en voyages fait un bond cette année pour quarante pour cent des sondés. Quant à la qualité du conseil, elle est décisive pour soixante-six pour cent des personnes. Des chiffres publiés tout récemment et qui torpillent définitivement l’idée d’une formation au rabais qui a mûri cette année dans certains esprits. Certes, les attentes des grands diffèrent de celles des PME. Mais le slogan ressassé par les grands, lui, ne change pas: nous ne sommes pas des généralistes mais des multi-spécialistes. Il con-
vient dès lors de s’en tenir à une ligne: améliorer en permanence la formation commerciale classique et ne plus perdre d’énergie dans la défense d’idées saugrenues. 

Dominique Sudan