Quel avenir commun? (Edition 2006-48)

Dominique Sudan à propos de Tourisme Pour Tous/Travelhouse

Lorsqu’ils ont officialisé leur «avenir commun» au dernier TTW, Hotelplan et Travelhouse ont sciemment oublié d’aborder les conséquences inévitables qu’aura le rachat sur les différents domaines du Tour Operating. Or, les interférences sont multiples et concernent toutes les marques: Hotelplan, Esco, Tourisme Pour Tous et plusieurs TOs spécialisés du groupe Travelhouse.

Très sensible sur le marché alémanique, le sujet concerne également la Suisse romande où Travelhouse a investi dans sa centrale de Genève tandis que Tourisme Pour Tous continue de réaliser des affaires tout à fait positives depuis son quartier général de Lausanne.

Jusqu’ici, les directions générales de Travelhouse et Hotelplan campent sur leurs positions: pas de changement, statu quo, gestion parallèle des deux entités, sièges distincts à Zurich et Glattbrugg, à Lausanne, Genève et Bâle, pour Esco. Le discours changera sans doute lorsque la Commission de la concurrence aura approuvé la transaction, dans quelques jours.

Aujourd’hui, les chevauchements romands dans le Tour Operating affectent directement Tourisme Pour Tous: son département marché gris est ou sera en concurrence directe avec Passepartout qui a gagné des parts de marché en Suisse romande; le Maroc qui fera son apparition sous le label «pour tous» et non plus sous la marque désactivée Royal Tours, aura bien des similitudes avec le produit Sierramar déjà bien implanté; enfin, les Caraïbes en plein essor risquent de souffrir rapidement si Caribtours traduit dans les faits sa volonté de se développer en Suisse romande.

Où sont les synergies et l’avenir commun dont on parle officiellement? Nulle part pour l’instant. Pire, le rachat de Travelhouse freinera aussi le développement de Tourisme Pour Tous si, d’aventure, l’antenne lausannoise décidait d’étendre géographiquement sa production. A part le Turkménistan, on voit mal où Tourisme Pour Tous pourrait développer de nouvelles destinations qui ne soient pas déjà couvertes par Travelhouse. On constate aussi que les économies d’échelle qui pourraient être réalisées dans les achats charters et les frais de fonctionnement des deux centres de Lausanne et Genève sont nulles ici, comme elles le sont à Glattbrugg où le bâtiment flambant neuf d’Hotelplan a suffisamment de réserves pour accueillir Travelhouse.

Wait and see. Mais lorsque viendra le temps des décisions stratégiques, on se rendra compte encore une fois que un plus un ne font pas deux. A moyen terme, Migros rendra-t-il sa fiancée plus sexy pour mieux la mettre sur le marché?