Quel sera le prix de l’austérité? (Edition 2011-41)

Cédric Diserens à propos d’Hotelplan et Kuoni

S’il est un terme aujourd’hui très prisé des médias et du grand public, c’est l’austérité. La Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la France… Nombreux sont les pays qui doivent aujourd’hui sérieusement songer à réduire leurs dépenses, tout en restant compétitifs et attractifs. Drôle de paradoxe que le modèle économique de l’Occident a finalement développé!

Dans la branche des voyages, le problème est le même, à une échelle moindre. Les grands voyagistes vivent la crise de plein fouet, et ceux qui pouvaient sembler être à l’abri, de par leur taille et leurs (supposées) réserves, se montrent tout aussi fragiles que les entreprises plus modestes. Qui faut-il blâmer? Un volcan? Les terroristes qui, suivant le camp soutenu se changent subitement en révolutionnaires (ou vice-versa)? La météo?

Tous et aucun à la fois. On le sait depuis plusieurs années à présent, l’économie tourne mal et tout le monde doit trouver une issue. Celle choisie par les grands TOs consiste à appliquer un plan d’austérité: adopter une structure peu coûteuse, mais efficace. Si dans l’absolu le choix n’appelle pas à discuter, il convient de s’interroger sur le produit qui sera délivré à l’avenir.

Il a été longtemps question de savoir si ces grands étaient des généralistes ou des multi-spécialistes. Aujourd’hui, la question peut se poser. Du côté d’Hotelplan Suisse, les Product Directors disparaissent. On parle de «cibler la vente en rationalisant et dynamisant le Tour Operating». Que penser de tout cela lorsque l’on constate que les «têtes pensantes» ont disparu? Thomas Jenzer, Ruth Landolt, et bien d’autres encore. Bien sûr, nul n’est irremplaçable, mais un savoir-faire et une expérience ne s’acquièrent pas en six mois. Et que dire du développement de Vacances Migros en un produit complet?

Chez Kuoni Suisse, la rationalisation n’est pas aussi radicale. Plusieurs spécialistes ont conservé leur marque et leur identité et se retrouvent sous la division «Emerging Markets & Specialists» dirigée par Stefan Leser. La nouvelle structure promet des synergies entre les divers niveaux de la chaîne, voire les divers canaux de distribution. Centre d’appel B2B, Retail Agents, Direct Sales, e-Commerce et Service clients travailleront ainsi de concert. 

Au final, il semblerait que l’austérité consiste à ne plus se diversifier, ou se disperser, mais à se concentrer sur un produit, quasi unique, qui au final, sera revenu sous divers emballages. Le client final n’ayant, la majeure partie du temps, aucune notion des coulisses des grands voyagistes. Reste à déterminer le montant du prix de ces mesures.