Qui n’avance pas recule (Edition 2010-03)

Dominique Sudan à propos du TTW
Trente-quatre ans de bons et loyaux services. Mais dans l’industrie touristique, autant parler d’un siècle. Porté sur les fonts baptismaux par des pionniers romands qui, sans s’en rendre compte, donnaient naissance à l’unique salon professionnel d’envergure nationale, le TTW a traversé les décennies, surmonté bien des obstacles, changé de structure. Même si le but visé ne consiste nullement à battre des records de fréquentation, le salon de Montreux n’a pas été épargné par les changements structurels frappant tout le secteur. Et, l’an dernier, le nombre d’exposants baissait de 8% et les visiteurs étaient en recul de 10%.
En période de crise et de contrôle strict des coûts, cette évolution n’a pas manqué de susciter quelques réactions négatives même si la grande majorité des participants ont relevé le niveau de qualité supérieur du cru 2009. Le paysage suisse des voyages étant ce qu’il est, les voix critiques doivent être écoutées: plus des trois-quarts des centres de décision de la branche sont à Zurich ce qui, en période de vaches maigres, ne peut que durcir les fronts, l’éloignement géographique de Montreux entraînant de toute façon des coûts élevés chez les exposants. Mal soutenu par de trop nombreux TOs romands qui renoncent à investir dans un stand à Montreux et préfèrent le statut de visiteurs alors qu’ils sont eux-mêmes producteurs, le TTW ne peut plus être le get-together automnal des années 80 et 90. Les investissements consentis par les plus importants exposants du salon, les changements structurels des modes de consommation et, cerise sur le gâteau, les puissants effets de la crise sur le tourisme, les voyages et le transport aérien, sont autant d’éléments parlant en faveur d’un renouveau en profondeur du TTW. D’autant que le paysage des agences de voyages au niveau national a subi durant la dernière décennie une cure d’amaigrissement ne permettant plus aux points de vente de faire du TTW le rendez-vous incontournable de tous leurs collaborateurs.  
Ses organisateurs en sont pleinement conscients et prennent aujourd’hui le taureau par les cornes afin de définir un concept novateur répondant eux exigences d’aujourd’hui. L’important virage qui sera négocié prochainement prendra en compte tous ces éléments, vise à offrir le meilleur rapport prix-prestations et à garantir un retour sur investissement difficile à mesurer mais néanmoins réel en raison du lifting complet que subira la manifestation montreusienne. 
La branche a besoin d’un salon tenant compte de la spécificité helvétique. Cela, nul ne le remet en question. Mais aujourd’hui, les rapports classiques exposants-visiteurs ne suffisent plus à rentabiliser une opération d’une telle envergure. Les développements technologiques ont remplacé les présentations de produits d’antan. Il convient d’en tenir compte et de vivre avec son temps pour que le TTW (re)devienne une véritable plate-forme d’échanges interprofessionnels. Car qui n’avance pas recule.