On ne se voile pas la face, la réalité des chiffres est là: la demande est très faible, les réservations effectives se font attendre, les quatre premiers mois de lannée sont catastrophiques et le recul est impressionnant.
«Globalement les ventes sur nos destinations sont inférieures de 50% environ par rapport sur les cinq premiers mois de lannée: moins 50% sur lEgypte et la Jordanie, moins 80% sur la Syrie et même moins 100% depuis fin avril. Dubaï se maintient au niveau 2010 et Oman également, avec petite hausse de 10% pour les réservations de fin dannée», note Guillaume Winterstein, chez Trade Wings. Des taux identiques à ceux articulés par Alain Müllauer, directeur de Destinations Santé, qui a joué de malchance en lançant lEgypte cette année: la baisse sur la Tunisie se monte à 80%, Alain Müllauer nayant aucune référence sur lEgypte puisquil sagit de la première année.
Chez Air Marin, Tahar Khadraoui ne cache pas non plus la réalité: «Les révoltes arabes ont porté un coup sévère au tourisme tunisien et égyptien. Le Maroc, frappé par lattentat de Marrakech, subit aussi la défection des vacanciers. On observe un effondrement immédiat des départs et une débâcle en termes de réservations pour la saison estivale qui commence. Par rapport aux chiffres de 2010, la Tunisie accuse une diminution de 65%, lEgypte se situe à moins 74% et le Maroc à moins 35%.»
Travelway, qui programme en brochure lEgypte, le Maroc et la Jordanie, indique que les réservations reprennent petit à petit. «Concernant les ventes, nous sommes actuellement en basse saison. La période courant de mai à septembre est traditionnellement calme à ce niveau-là. Nous demeurons optimistes et sommes davis que les ventes reprendront leur cours normal à partir du mois de septembre. Nous avons déjà des nouvelles demandes et quelques réservations de voyage à la carte en Egypte pour les vacances doctobre. Si la situation se stabilise, et cela semble être le cas, je crois que nous vivrons un retour à la normale en automne», estime Fabienne Orsat, directrice de Travelway.
Dès lors, il est à craindre que lexercice en cours se solde par un fiasco total. «Tout dépendra de la perception que les clients auront vis-à-vis des pays arabes durant le deuxième semestre», estime Guillaume Winterstein.
Une opinion que partage Tahar Khadraoui: «Hélas, oui. Peut-être pas le fiasco total, mais en sachant que la majorité des clients réservent entre janvier et février, cest-à-dire au moment de la révolution, on peut craindre pour le bilan final. La Tunisie et lEgypte ont perdu une bonne partie des bookings. Le Maroc un peu moins, puisquil a bénéficié de certains reports bien avant lattentat de Marrakech. Ce sera certainement une saison problématique, pour ne pas dire blanche pour les TOs. Cette situation est encore plus périlleuse pour les pays hôtes.»
Chez Moon Valley, Anouar Abdelzaher estime aussi que les clients hésitent réellement à se rendre aujourdhui dans un pays arabe en raison de la couverture média actuelle: «Il est difficile de prévoir quoi que ce soit pour le moment. Mais optimiste par nature, je crois toujours à un avenir meilleur.»
Fabienne Orsat estime de son côté de lévolution dépendra directement du climat international.
Et comme lindique Guillaume Winterstein, la branche sest toujours relevée: «Lavenir est maintenant entre leurs mains, le tourisme est trop important pour les différentes économies des pays auxquels nous faisons allusion. Les affaires reprendront tôt ou tard mais elles reprendront.»
Dominique Sudan