«Relations avec LH/LX encore trop correctes» (Edition 2015-33)

Spotlight Kurt Eberhard, CEO d’Hotelplan Suisse.

On a l’impression que vous êtes à la barre en termes de défense des intérêts de la branche dans le dossier DCC. Est-ce voulu?

Les impressions sont trompeuses; d’au-tres protestent également. Je n’ai en tout cas pas cherché ce rôle sciemment. Etant donné que Swiss répète à l’envi qu’elle est ouverte au dialogue, mais qu’elle n’avance pas d’un millimètre en direction de la branche, il n’y a pas d’au-tre choix que d’ouvrir le débat de façon semi-publique. Il est clair que je provoque et attire l’attention par mes prises de position sans équivoque. Mais il ne s’agit pas de moi, mais bien du dossier proprement dit.

Estimez-vous que vos collègues de la branche sont trop mous?

Oui et non. Dans les coulisses, les protestations sont véhémentes; des mesures contre LH/LX ont aussi été prises par nos concurrents. Personnellement, j’estime que l’on agit de manière trop souple et que l’on préserve un contexte relationnel trop correct. Ceci, surtout en Suisse alémanique. J’ai l’impression que les Romands sont plus clairs dans leurs réactions.

Vous combattrez la taxe GDS avec une nouvelle taxe de complexité de CHF 10. Ne renforcerez-vous pas ainsi la fameuse problématique de la disparité?

Au premier abord peut-être. Mais, ce faisant, nous entendons combattre LH/LX avec ses propres arguments. 

Comment se justifie ce supplément?

Nous ne faisons que reproduire la réalité des coûts. En fait, le supplément de-vrait même être beaucoup plus élevé. La si-tua-tion serait encore plus extrême si la branche acceptait comme plate-forme de réservation la page Internet Lufthansa–Agent. Chaque agence de voyages sachant calculer devrait alors frapper les procédures extrêmement longues et coûteuses d’une taxe minimale de CHF 100. J’espère que per-sonne n’est aussi irréfléchi pour accepter une telle proposition. Il nous reste par conséquent la variante GDS à CHF 16.

De prime abord, on pourrait penser qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe. Mais des clarifications et des explications tarifaires seront nécessaires dans la pratique. 

Quelles ont été les premières réactions face à cette taxe de complexité?

Je ne peux que m’exprimer à propos de notre propre réseau de distribution. Les collaborateurs doivent trinquer avec ce que je leur impose presque. Mais, à ce jour, je n’ai eu que des réactions positives. La colère à l’égard de LH/LX est si forte qu’ils accepteraient même un «sales stop». Mais nous n’en sommes pas encore là.

Voyez-vous aujourd’hui une alterna-tive aux GDS?

Non. 


Vous parlez de la «possibilité d’une véritable guerre commerciale». A quoi ressemblerait-elle? 

Je concède que le mot «guerre» est peut-être trop martial. «Conflit» serait vraisemblablement moins dramatique dans ce contexte. Mais ce mot reflète très bien la situation actuelle.   

Sans information préalable, le groupe Lufthansa défie la branche au plan mondial avec ces CHF 16, répond par le biais de lettres standardisées, balaie les propositions de compromis et tente de retourner les partenaires contractuels réfractaires par des mesures de représailles, lesquels agitent finalement le drapeau blanc. Il est difficile de prédire ce que signifierait un conflit sur la durée. Mais je suis optimiste de nature: nous devrions nous arranger d’une façon ou d’une autre.

DS