Relève: priorité absolue à la NFCB (Edition 2007-05)

L’apprentissage de Gestionnaire du commerce de detail (GCD) est abandonné. Provisoirement, dit-on, même si ce provisoire risque de durer.

En décembre dernier, une délégation de la Fédération suisse des agences de voyages (FSAV) rencontrait l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technique (OFFT) pour rediscuter des conditions d’introduction de la formation GCD. Entre-temps, ce projet a été mis en veilleuse, le comité de la FSAV ayant décidé il y a quelques jours d’y renoncer provisoirement. Or, il est loisible de penser que les GCD ne formeront pas la relève que la branche attend.

Cette nouvelle formation n’émanait nullement des agences de voyages indépendantes. On se souvient qu’à l’assemblée 2005 de la FSAV, Kurt Eberhard (Zurich) et André Lüthi (membre du
comité de la Fédération) s’étaient élevé contre cette «formation au rabais» ne répondant à aucun besoin. Avant le vote, les grands TOs avaient exercé un très puissant lobbying pour faire accepter le projet. Et ils avaient gagné.

Pour Gilbert Barbey, président de l’Association vaudoise des agences de voyages (AVAV) et ardent défenseur d’une formation professionnelle de qualité au sein de l’Union romande des agences de voyages (URAV), la formation GCD ne répondait qu’à la demande des grands, notamment de leurs Call Centers. D’ailleurs, la Suisse romande était globalement opposée au projet GCD, au même titre que toutes les
associations régionales d’agences de voyages de Suisse, à l’exception de Bâle.

Etant donné qu’il était impossible d’organiser les cours en commun avec la Nouvelle formation commerciale de base (NFCB), le projet GCD passe à la trappe. «Je partage tout à fait l’opinion de la FSAV lorsqu’elle estime que la NFCB en voie de revision répondra mieux aux attentes de notre profession. La plupart des corps de métiers demandent aussi un allègement des charges et des exigences imposées aux apprentis. La charge reportée sur les maîtres d’apprentissage est aussi trop lourde. Pourquoi ne pas imaginer une aide directe sur le coût des cours? Lorsqu’on sait que celui-ci se monte à 1000 francs par année et par apprenti au sein de l’URAV, montant qui serait tout à fait supportable au niveau national», ajoute Gilbert Barbey.

Cette NFCB nouvelle formule qui est actuellement en phase de projet devrait entrer en vigueur en 2010, au plus tôt. Dans sa forme actuelle, la NFCB a pourtant accompli d’énormes progrès par rapport à la situation qui prévalait il n’y a pas si longtemps.

«Quand bien même le niveau moyen des jeunes sortant du cycle scolaire obligatoire baisse dangereusement, l’enseignement actuel – celui de la NFCB – est nettement meilleur que celui qui était dispensé il y a quatre ou cinq ans. Les jeunes bénéficient d’une formation adaptée en termes de destinations, d’assurances ou de croisières. Les supports de cours sont aussi de qualité. On est dans le vrai pour revaloriser l’apprentissage d’agents de voyages. C’est au niveau des charges que le bât blesse, les agences indépendantes n’ayant plus les moyens de former la relève comme avant», estime Gilbert Barbey.

Quant à la mise sur pied par la FSAV et d’autres partenaires du tourisme (airlines, chaînes d’hôtels) d’une propre formation spécifique dans la vente et les services, elle demeure encore très floue. Et il conviendrait aussi que cette formation soit reconnue par la Confédération.

Dominique Sudan

GCD: «Les avis étaient partagés»

La nouvelle formation GCD n’avait suscité aucun intérêt en Suisse romande. Coordinatrice de toute la formation professionnelle au sein de l’Union romande des agences de voyages (URAV), Sylvie Volery ajoute que les avis étaient de toute façon très partagés: «Dans le Commercial et le Tour Operating, cette filière semblait intéressante aux yeux de certains. On peut aussi s’en étonner car, dans le secteur Commercial, de solides connaissances ont toujours été requises.»

Sylvie Volery ose aussi la question cardinale: «Que veut-on privilégier dans le futur? Le know-how, la connaissance approfondie et produit et la maîtrise parfaite de son sujet? Dans un tel cas, les agences auront besoin de personnel qualifié. C’est plutôt la NFCB qui offre cette garantie.»

DS