Restructuration au sein d’Ebookers.ch (Edition 2015-51)

Le double prix de la ruée vers l’or numérique

Au mois d’octobre, Pierre-Alain Regali, alors encore à la tête d’Ebookers.ch, présentait le chemin parcouru par Ebookers et les défis actuels de la distribution numérique. A la question de savoir si l’on se dirigeait vers une bulle alors que les acteurs en ligne ne cessent de se multiplier tandis que les coûts ne cessent d’augmenter, il répondait simplement que la consolidation serait la tendance inévitable et la plus vraisemblable. Des mots qui ont aujourd’hui un autre écho.

Du rachat d’Orbitz par Expedia est né un géant du numérique. Les marques
connues sont nombreuses: Ebookers, Hotels.com, Egencia, Trivago… Si la consolidation promet davantage de force, elle met très rapidement en évidence les doublons. En conséquence, il faut s’attendre à chaque fois à ce qu’une restructuration suive la période d’euphorie boursière qu’engendre l’annonce d’une fusion. Car la ruée vers l’or numérique a un double prix: celui qui rapporte aux actionnaires et celui qui coûte aux employés.

Au-delà du bilan humain de la transaction, cela montre que l’âge d’or du numérique semble bel et bien terminé. L’eldorado n’est plus aussi attrayant et le réveil n’en est que plus dur. Exit donc la mélodie du bonheur d’Internet. Le client n’y est pas plus captif que dans la vente stationnaire du monde réel. Et les coûts requis pour créer un lien, l’entretenir, voire le développer sont bien plus élevés que ce qu’ils paraissent, car la technologie évolue très rapidement. Et avec elle, les attentes des utilisateurs en font de même.

Certes, Ebookers dispose d’un nom établi qui devrait perdurer. Mais cela ne suffit pas pour devenir un acteur incontournable. En entrant dans la galaxie d’Expedia, la marque bénéficiera très certainement de synergies provenant des autres marques comme Hotels.com par exemple. Mais ces synergies ne se feront pas nécessairement avec les forces humaines qui ont porté la marque. Au final, l’agence en ligne n’a pas de visage. Et en cultivant une véritable omerta lorsque l’on aborde cet aspect humain, seules les personnes concernées peuvent avoir un aperçu réel du prix d’une telle transaction.

Cédric Diserens