Le monde du transport aérien est particulièrement cruel. Certaines compagnies doivent composer avec des concurrents jouant selon différentes règles. Dautres sont contraintes à aller de lavant, tout en traînant derrière elles une certaine nostalgie empreinte démotions. Cest le cas de Swiss, qui, même si elle a effacé le «air» de son prédécesseur, conserve néanmoins le poids de son histoire. Dès lors, quoi quelle fasse, Swiss reste inlassablement comparée à Swissair.
Cependant, ce facteur émotionnel doit saccommoder dune réalité du marché. Sur le réseau européen, les acteurs sont nombreux et en conséquence, la concurrence est vive. Sous cet angle, il paraît clair que la compagnie navait pas dautre choix que de laisser la place à une consur du groupe Lufthansa, mieux armée puisque dotée de coûts moindres. Mais cette décision sonne étrangement comme un certain aveu déchec. Swiss naurait-elle au final pas trop tardé à réagir?
Sil nest pas question de réécrire lhistoire, on ne peut sempêcher de voir quil fut un temps où Bâle était une base prospère pour une certaine Crossair. Dès lors, comment expliquer la montée en puissance dune Easyjet, suivie par dautres compagnies, dont Ryanair. Depuis 2009, la part de marché de Swiss na cessé de reculer sur cette plate-forme. Un peu comme si elle avait été oubliée, laissée à labandon.
Bien entendu, il convient de «voir plus grand» et de ne plus sarrêter à une simple marque. Swiss est lun des acteurs du groupe Lufthansa. Il ne sagit donc pas vérita-blement dun abandon. La promesse du triplement de la capacité par Eurowings montre bien que lengagement est là. Reste une inconnue: quel sera le prix à payer? Le secteur aérien lutte pour réduire ses coûts. Cela se traduit par le transfert de certaines tâches à la clientèle (self-check-in, y compris pour les bagages), mais également le développement de produits annexes (payants).
Il ny a plus à espérer que cela ne se traduira pas également par un certain dumping salarial, les employés dEurowings nétant certainement pas engagés aux mêmes conditions que ceux dune Swiss.
Cédric Diserens