Retrait de Swiss de l’Euroairport (Edition 2014-29)

Une décision qui sonne comme un aveu d’échec

Le monde du transport aérien est particulièrement cruel. Certaines compagnies doivent composer avec des concurrents jouant selon différentes règles. D’autres sont contraintes à aller de l’avant, tout en traînant derrière elles une certaine nostalgie empreinte d’émotions. C’est le cas de Swiss, qui, même si elle a effacé le «air» de son prédécesseur, conserve néanmoins le poids de son histoire. Dès lors, quoi qu’elle fasse, Swiss reste inlassablement comparée à Swissair.

Cependant, ce facteur émotionnel doit s’accommoder d’une réalité du marché. Sur le réseau européen, les acteurs sont nombreux et en conséquence, la concurrence est vive. Sous cet angle, il paraît clair que la compagnie n’avait pas d’autre choix que de laisser la place à une consœur du groupe Lufthansa, mieux armée puisque dotée de coûts moindres. Mais cette décision sonne étrangement comme un certain aveu d’échec. Swiss n’aurait-elle au final pas trop tardé à réagir?

S’il n’est pas question de réécrire l’histoire, on ne peut s’empêcher de voir qu’il fut un temps où Bâle était une base prospère pour une certaine Crossair. Dès lors, comment expliquer la montée en puissance d’une Easyjet, suivie par d’autres compagnies, dont Ryanair. Depuis 2009, la part de marché de Swiss n’a cessé de reculer sur cette plate-forme. Un peu comme si elle avait été oubliée, laissée à l’abandon.

Bien entendu, il convient de «voir plus grand» et de ne plus s’arrêter à une simple marque. Swiss est l’un des acteurs du groupe Lufthansa. Il ne s’agit donc pas vérita-blement d’un abandon. La promesse du triplement de la capacité par Eurowings montre bien que l’engagement est là. Reste une inconnue: quel sera le prix à payer? Le secteur aérien lutte pour réduire ses coûts. Cela se traduit par le transfert de certaines tâches à la clientèle (self-check-in, y compris pour les bagages), mais également le développement de produits annexes (payants).

Il n’y a plus à espérer que cela ne se traduira pas également par un certain dumping salarial, les employés d’Eurowings n’étant certainement pas engagés aux mêmes conditions que ceux d’une Swiss.

Cédric Diserens