Il y a cinq ans, Mourad El Kanabi quittait son poste de directeur de Royal Air Maroc (RAM) pour la Suisse pour reprendre la direction du secteur long-courrier et celle du réseau Afrique, avec louverture dune petite quinzaine de destinations du continent noir. Il est aujourdhui de retour à Genève où il porte deux casquettes, celle de la direction du marché national et de lEurope.
Pendant ce laps de temps, RAM a subi une mue en profondeur. La création dAtlas Blue (entre-temps disparue) a entraîné un processus de restructuration qui devait compenser à la fois le transfert de dix avions à la nouvelle filiale active dans le charter le point à point, et celui dun million de passagers à Atlas Blue. Lexpérience fut un échec: RAM ne pouvait réaliser aucune économie déchelle avec cette filiale Low Cost qui devait faire face aux coûts dun transporteur classique. Aujourdhui, RAM est revenue à sa taille davant avec une flotte de 54 avions concentrée sur le hub de Casablanca.
«La période était aussi rendue difficile en raison de lOpen Sky introduit en 2006. Louverture du ciel marocain devait accompagner lobjectif des 10 millions de touristes de notre pays. Mais nous avons commis une erreur en ne protégeant pas Casablanca. La concurrence Low Cost en a profité pour cibler une clientèle ethnique et non touristique. La hausse du prix du carburant et le recul du pouvoir dachat en Europe sy sont ajoutés. Malgré cette concurrence Low Cost, nous avons été la locomotive du développement touristique marocain», rappelle Mourad El Kanabi.
RAM a alors pris des mesures drastiques: dix avions ont été sortis de la flotte; entre septembre et octobre passés, 28 lignes déficitaires à coûts variables ont été coupées, essentiellement du point à point entre lEurope et plusieurs villes touristiques (Agadir, Marrakech, Fès, etc.). Les GenèveMarrakech et ZurichMarrakech ont ainsi disparu. En France, dix bureaux commerciaux ont été fermés. «En nous concentrant sur Casablanca et en exploitant aujourdhui 44 appareils, nous transportons davantage de pax quauparavant. Il convenait vraiment de remettre à niveau la compagnie nationale.» Au niveau suisse, la suppression des vols a entraîné 20% de capacité en moins. Entre 2007, où RAM proposait 22 vols par semaine entre la Suisse et le Maroc, et 2011, la réduction a atteint 45%. Mais avec quelque 110 000 passagers lannée passée, la Suisse sen sort relativement bien. «Certes, on est loin des 160 000 pax de 2007 où la Suisse était le deuxième marché dEurope; mais je pense que sur deux ans, nous renouerons avec le résultat de 2007.»
Aujourdhui, le siège Europe de RAM est donc installé à Genève. Pour son directeur, seule la proximité permet lefficacité. Et si Genève a été préféré à Paris la France génère 34% du trafic et du chiffre daffaires de RAM cest parce que la compagnie aurait passé son temps à gérer lHexagone en choisissant la capitale française.
Projets sérieux pour Zurich et Bâle
Mourad El Kanabi entrevoit à moyen terme un redéploiement des opérations sur Zurich et Bâle. «Nous nous devons de réétudier un service régulier sur la plus grande plate-forme suisse quest Zurich. A ce propos, jai rencontré la direction de TUI Suisse qui manifeste un grand intérêt à la reprise dun vol régulier sur Casablanca. TUI soutiendrait fortement ce développement qui pourrait se concrétiser à lhoraire dhiver 2012/13. Nous avons également des projets portant sur Bâle, mais en termes de rotations charters.» Pour ce qui concerne Genève, le développement devrait porter le dédoublement des vols en fin de semaine, soit deux liaisons quotidiennes du vendredi ou dimanche.
Dominique Sudan