Royal Air Maroc dirige l’Europe depuis son siège de Genève (Edition 2012-17)

De retour à Genève, Mourad El Kanabi dirige à la fois la Suisse et l’ensemble de l’Europe de la compagnie marocaine.

Il y a cinq ans, Mourad El Kanabi quittait son poste de directeur de Royal Air Maroc (RAM) pour la Suisse pour reprendre la direction du secteur long-courrier et celle du réseau Afrique, avec l’ouverture d’une petite quinzaine de destinations du continent noir. Il est aujourd’hui de retour à Genève où il porte deux casquettes, celle de la direction du marché national et de l’Europe.

Pendant ce laps de temps, RAM a subi une mue en profondeur. La création d’Atlas Blue (entre-temps disparue) a entraîné un processus de restructuration qui devait compenser à la fois le transfert de dix avions à la nouvelle filiale active dans le charter le point à point, et celui d’un million de passagers à Atlas Blue. L’expérience fut un échec: RAM ne pouvait réaliser aucune économie d’échelle avec cette filiale Low Cost qui devait faire face aux coûts d’un transporteur classique. Aujourd’hui, RAM est revenue à sa taille d’avant avec une flotte de 54 avions concentrée sur le hub de Casablanca.

«La période était aussi rendue difficile en raison de l’Open Sky introduit en 2006. L’ouverture du ciel marocain devait accompagner l’objectif des 10 millions de touristes de notre pays. Mais nous avons commis une erreur en ne protégeant pas Casablanca. La concurrence Low Cost en a profité pour cibler une clientèle ethnique et non touristique. La hausse du prix du carburant et le recul du pouvoir d’achat en Europe s’y sont ajoutés. Malgré cette concurrence Low Cost, nous avons été la locomotive du développement touristique marocain», rappelle Mourad El Kanabi.

RAM a alors pris des mesures drastiques: dix avions ont été sortis de la flotte; entre septembre et octobre passés, 28 lignes déficitaires à coûts variables ont été coupées, essentiellement du point à point entre l’Europe et plusieurs villes touristiques (Agadir, Marrakech, Fès, etc.). Les Genève–Marrakech et Zurich–Marrakech ont ainsi disparu. En France, dix bureaux commerciaux ont été fermés. «En nous concentrant sur Casablanca et en exploitant aujourd’hui 44 appareils, nous transportons davantage de pax qu’auparavant. Il convenait vraiment de remettre à niveau la compagnie nationale.» Au niveau suisse, la suppression des vols a entraîné 20% de capacité en moins. Entre 2007, où RAM proposait 22 vols par semaine entre la Suisse et le Maroc, et 2011, la réduction a atteint 45%. Mais avec quelque 110 000 passagers l’année passée, la Suisse s’en sort relativement bien. «Certes, on est loin des 160 000 pax de 2007 où la Suisse était le deuxième marché d’Europe; mais je pense que sur deux ans, nous renouerons avec le résultat de 2007.» 

Aujourd’hui, le siège Europe de RAM est donc installé à Genève. Pour son directeur, seule la proximité permet l’efficacité. Et si Genève a été préféré à Paris – la France génère 34% du trafic et du chiffre d’affaires de RAM – c’est parce que la compagnie aurait passé son temps à gérer l’Hexagone en choisissant la capitale française. 

Projets sérieux pour Zurich et Bâle

Mourad El Kanabi entrevoit à moyen terme un redéploiement des opérations sur Zurich et Bâle. «Nous nous devons de réétudier un service régulier sur la plus grande plate-forme suisse qu’est Zurich. A ce propos, j’ai rencontré la direction de TUI Suisse qui manifeste un grand intérêt à la reprise d’un vol régulier sur Casablanca. TUI soutiendrait fortement ce développement qui pourrait se concrétiser à l’horaire d’hiver 2012/13. Nous avons également des projets portant sur Bâle, mais en termes de rotations charters.» Pour ce qui concerne Genève, le développement devrait porter le dédoublement des vols en fin de semaine, soit deux liaisons quotidiennes du vendredi ou dimanche. 

Dominique Sudan