Royal Air Maroc veut consolider (Edition 2013-11)

La compagnie sort d’une restructuration éclair qui s’avère une réussite. Elle peut ainsi repartir sur des bases saines.

Mourad El Kanabi, directeur Europe et Suisse, l’a vécue de l’intérieur, au siège de la compagnie. La restructuration a été une réaction immédiate à une situation qui n’avait pas d’avenir. « Depuis que le Maroc a ouvert son ciel à la concurrence en 1996 pour les destinations touristiques, l’offre s’est multipliée de près de 300 %. Nous sommes restés majoritaires en termes de fréquence, mais nous sommes arrivés à un essoufflement en 2012. C’est dans ce cadre qu’un contrat programme a été signé avec le Royaume. » Il convient en effet de rappeler que Royal Air Maroc est une compagnie d’Etat, mais à gestion privée.

Le contrat s’articulait sur trois axes : suppression des lignes déficitaires au niveau global, retrait de dix avions de la flotte, un milliard de dirhams (un peu plus de 110 millions de francs) d’économie. Pour le premier, 26 lignes – principalement touristiques – ont été supprimées. Conséquence directe, le retrait des dix appareils de la flotte s’est trouvé facilité. Parallèlement à cela, RAM s’est décidée à se concentrer sur l’aérien. La compagnie a donc abandonné ses filiales Atlas Hospitality (hôtels), ainsi que les filiales de catering et de handling.

Afin de pouvoir rEaliser un milliard d’économie, le départ volontaire de 2000 employés a été nécessaire. « Sur un total de 5500 employés que comptait le groupe RAM, c’est loin d’être anecdotique », relève Mourad El Kanabi. Simultanément, la compagnie a supprimé tous ses points de vente en France, à l’exception de celui de Paris. « Neuf agences ont fermé. Celle de Paris a été conservée en raison du chiffre qui y était réalisé. » 

Le contrat a EtE rempli avec six mois d’avance. « Nous avons réussi en un an ce qui devait être fait en un an et demi. A présent, nous avons atteint l’équilibre et entrons dans la deuxième phase : celle du développement. » C’est ainsi que les ouvertures de lignes sur la Scandinavie (Copenhague et Stockholm), l’Espagne (Valence), le Cap-Vert (Praia) et la Suisse (Zurich) sont au chapitre des nouveautés.

Desormais, la compagnie compte s’appuyer sur le réseau du continent africain. « Le Maroc se trouve être le prolongement naturel de l’axe reliant l’Europe à l’Afrique. En conséquence, nous pouvons utiliser les mêmes appareils que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Nous avons d’ailleurs un taux d’utilisation relativement élevé de 12,3 %, avec une réserve de deux appareils en cas de problème. » Les horaires ont été harmonisés afin d’être plus efficaces et attrayants.

« Les vols qui arrivent le soir à Casablanca permettent de prendre les connexions sur nos destinations africaines. Quant à ceux qui arrivent le matin, ils per-mettent de bénéficier des connexions vers les desti-nations européennes. » L’Afrique représente 1’500’000 de passagers, tandis que les vols en continuation correspondent à 40 % du trafic sur Casablanca. « Nous visons les 50 %, sans délai précis, mais avec une augmentation graduelle. Le but n’est pas de nous disperser. » Il est intéressant de remarquer qu’en 4 ans, l’offre sur l’Afrique a gagné quelque 489 % en termes de sièges offerts. « Nous sommes la deuxième compagnie africaine après South African Airways », conclut Mourad El Kanabi.

Les projets d’avenir

La compagnie devrait recevoir ses premiers Dreamliner au début 2014. « Dès les premiers retards, nous avions demandé à Boeing la possibilité de reporter la livraison d’une année. » Une fois ceux-ci en service, le long-courrier devrait également connaître un renouveau. « Le Brésil avec São Paulo, la Chine avec Shanghai, les Emirats Arabes Unis avec Dubaï et l’Afrique du Sud sont dans le pipeline. » Et l’Afrique de l’Est reste une zone encore peu présente dans le réseau de RAM. Dans le moyen-courrier, l’Europe n’est pas abandonnée. « N’oublions pas que le trafic Europe représente 67 % de nos revenus. » Dans l’idéal, Mourad El Kanabi aimerait revenir à une présence forte : « Un double quotidien sur Genève et un vol quotidien sur Zurich seraient l’idéal. »

Cédric Diserens