Saudi Arabian fidèle à Genève (Edition 2007-30)

A Genève depuis 1967, Saudi Arabian Airlines entre aujourd’hui dans une phase majeure de son développement: la privatisation.

Relativement discrète, Saudi Arabian Airlines n’en est pas moins à quarante années de présence à Genève. Par le passé, les vols opérés reliaient Djeddah, Riyad, Genève et Francfort. Depuis le mois de mars 2006, cette liaison s’est vue modifiée en remplaçant Franc-fort par Manchester en tant que destination finale. «Aujourd’hui, nous sommes la seule compagnie à opérer entre Genève et Manchester», indique Nick Johnson, Manager Sales & Marketing Switzerland.

De ce fait, Saudi Arabian Airlines a l’avantage d’être la seule à offrir une liaison directe entre la Suisse et l’Arabie Saoudite, ainsi qu’entre Genève et Manchester. «Cependant, en comparaison, le trafic Suisse-Arabie Saoudite est beaucoup plus important que celui entre la Suisse et l’Angleterre. Notre quatrième liberté nous permet d’avoir 85% de trafic point à point avec l’Arabie Saoudite. La proportion entre les deux pays est de deux tiers de voyageurs saoudiens pour un tiers de passagers suisses.»

La segmentation des passagers se répartit donc entre trafic ethnique, d’affaires et saisonnier – principalement les voyages religieux et pèlerinages. «En octobre et décembre, dates du ramadan et du hajj, un grand nombre de pèlerins se rendent à la Mecque.» La compagnie connaît également une petite proportion de voyageurs d’agrément. «Le segment Leisure est très faible, mais nous avons des plongeurs qui partent depuis Milan. C’est très petit, mais c’est un segment existant.»

Saudi Arabian Airlines peut se féliciter d’avoir un très bon taux de remplissage sur l’ensemble des classes proposées. «Nous avons encore trois classes sur nos vols, avec 30 places en première, mais cela ne nous empêche pas d’avoir des difficultés à trouver des places sur certains vols.»

Depuis le mois de juin 2006, la compagnie a un nouveau directeur général, Khalid Abdullah Almolehm, dont le parcours professionnel lui a permis d’occuper le poste de président de Saudi Telecom de 2001 à 2006. Le défi qu’il a à relever est de taille, puisqu’il lui faut mener à bien la privatisation de la compagnie aérienne, une tâche très complexe. Cette transition a déjà commencé et la compagnie est à présent composée de différentes Business Units indépendantes. «Des unités ont été créées pour le catering, le fret, le handling, le service technique, le trafic domestique et le trafic international.»

Du côté domestique, la compagnie doit faire face à la concurrence de deux compagnies Low Cost régionales. «Cela a pour conséquence de focaliser d’abord le développement sur ce secteur. Nous devons d’abord nous renforcer en Arabie Saoudite avant de considérer un renforcement du service international.» Cette période de transition va également voir dans un premier temps le réaménagement intérieur des appareils existants, puis le re-nouvellement de la flotte à moyen terme. «La priorité sera d’abord accordée au trafic domestique. Ensuite viendront les vols internationaux.»

Les développements futurs laissent augurer d’un renforcement des liaisons avec l’Angleterre. «Le choix de Manchester, en lieu et place de Francfort, se justifie par une forte communauté pakistanaise qui profite de nos connexions sur le sous-continent indien. Birmingham devrait suivre en 2008. «Nous étudions également la possibilité de voler sur Toronto en direct et Los Angeles via Paris, mais cela reste sous réserve.» Diverses destinations en moyen courrier sont également à l’étude. «Le Soudan, l’Ethiopie et l’Erythrée n’ont que des correspondances difficiles, il y aurait donc des possibilités de développement.»

La Grande-Bretagne est un marché source de grande valeur pour Saudi Arabian Airlines. «C’est actuellement le pôle le plus intéressant en Europe.» L’essentiel du marché de la compagnie se situe sur les liaisons à destination de l’Europe et de l’Asie. «Sur les vols à destination de l’Europe, qui sont en configuration trois classes, nous obtenons un taux de remplissage de 65 à 75%. De la fin été à la fin de l’année, ce taux atteint entre 80 et 85%.» L’Asie, quant à elle, est desservie par des vols de deux classes.
Le remplissage du vol au départ de Francfort via Genève offrait un ratio de 50% de passagers ex-Francfort et 50% ex-Genève. «En théorie, ce sera toujours le cas avec le vol au départ de Manchester. Mais dans la pratique, cela reste à vérifier, car le trafic au départ de la Grande-Bretagne est plus élevé.»

Enfin la dernière étape que doit encore franchir la compagnie consiste en la mise en place du E-ticketing. «Nous sommes déjà passés au billet électronique pour les vols domestiques, mais du côté de l’intercontinental, principalement l’Europe et les Etats-Unis, il nous manque quelques accords d’interlining. Le passage au E-ticket devrait être possible au 1er mai 2008.»

Cédric Diserens

Une agence au centre-ville

Contrairement à la tendance qui voit les compagnies aériennes se rapprocher de l’aéroport et fermer leurs agences de villes, Saudi Arabian Airlines possède un bureau au centre de Genève. «Nous nous devons d’être proches de nos clients, précise Nick Johnson. Beaucoup de Saoudiens logent dans les hôtels, l’agence est donc située au cœur de la ville, à proximité. De plus, notre bureau est une carte de visite de l’Etat saoudien.» Le bureau est sous la responsabilité de Faisal A. Saddik (Manager Italy, Switzerland, Greece, Cyprus & Malta) basé à Rome. En plus de Nick Johnson, la structure en place compte dix personnes. Le rapprochement s’est également fait au niveau de la direction régionale qui s’est déplacée du siège de Djeddah vers Londres.   

CD

Une flotte hétérogène

Saudi Arabian Airlines possède une flotte hétérogène composée de Boeing 747-300 et 747-400, de Boeing 777, d’Airbus A300 (vols régionaux pour Addis-Abeba, Khartoum), des MD-90 et des Embraer 170. «L’objectif passera par un réaménagement des appareils afin d’être concurrentiel au niveau du produit à bord, puis, pour les appareils concernés, la flotte sera renouvelée, de même que notre parc informatique qui doit répondre aux exigences du E-ticket.»   

CD