Si Easyjet est trop chère, pourquoi travailler avec? (Edition 2013-51)

Migros plus cher à Genève qu’à Zurich

Lorsqu’une compagnie, fût-elle Low Cost ou régulière, domine outrageusement le marché et occupe une position dominante sur un aéroport, elle en devient incontournable. Aujourd’hui, Easyjet occupe aussi le terrain autrefois chasse gardée des TOs: le segment balnéaire. Dès lors, il n’est guère étonnant qu’Hotelplan Suisse s’y soit mis, comme FTI Touristik et X-Helvetictours. Mais l’arme n’est-elle pas à double tranchant lorsqu’on analyse la réduction massive de rotations charters à Genève et le remplacement des ces vols affrétés par des solutions «Low Cost»? C’est au bilan de la prochaine saison d’été qu’on le verra clairement.

Mais dans l’immédiat, il est loisible d’affirmer que Vacances Migros, quelles que soient les bonnes raisons du moment, s’est tiré une balle dans le pied avec les offres publiées sur une pleine page de la presse dominicale romande. Dans un cas comme Kos, très appréciée sur le marché, la différence de prix, pour un produit similaire, dépasse 400 francs par personne entre un départ de Genève et une offre depuis Zurich. Le fait est qu’Hotelplan, sciemment, limite depuis l’année dernière ses rotations charters sur les seules semaines de vacances scolaires d’été et d’automne. Là, le calcul est bon dans la mesure où la faible demande de mai, juin et septembre ne garantit pas la rentabilité de vols affrétés. 

Mais en termes d’image de la marque Vacances Migros qui se veut pourtant bon marché, les différences tarifaires publiées orange sur blanc pour cinq destinations grecques parmi les plus demandées peuvent s’avérer destructrices à moyen terme. Face aux prix articulés, le client romand sera tout à fait en droit de faire une analyse aussi rapide que réductrice et de se faire à l’idée que les arrangements forfaitaires au départ de Genève sont hors de portée du citoyen moyen. 

C’est d’un parfait cercle vicieux dont il s’agit: fatalement, la demande faiblira et, forcément, les responsables de la programmation des grands TOs remettront en question une nouvelle fois le potentiel de la Suisse romande. La page «Plaisirs d’été» de Vacances Migros laisse un goût amer et aucun argument digne de ce nom n’expliquera de tels écarts de prix. Si Easyjet est trop chère, pourquoi travailler avec et le crier sur tous les toits?

Dominique Sudan