Succession ouverte à Genève Aéroport (Edition 2015-43)

Un choix politisé serait une erreur crasse!

La période de la chasse tombe à pic: un chasseur de têtes a ouvert la succession à la direction de Genève Aéroport, le patron actuel partant à la retraite dans quinze mois exacte-ment. Aussi bien lui, Robert Deillon, que son prédécesseur, Jean-Pierre Jobin, ont prouvé dans leur gestion respective que seul un enfant du sérail est capable de diriger le deuxième plus grand aéroport du pays et de faire face aux défis immédiats marqués par une croissance soutenue du trafic. Leadership, expérience à l’international, connais-sances de l’industrie aérienne et soutien politique sont les quatre axes retenus par le chasseur de têtes qui a brossé le portrait du prochain Directeur général. Ces derniers jours, la presse économique et quotidienne s’est emparée du sujet suite au dossier ouvert il y a peu par TRAVEL INSIDE. S’il ne s’agissait que de pures spéculations, elle ne l’aurait jamais fait: les trois candidats mentionnés ont tous le profil recherché. Aujourd’hui, on sait déjà qu’Ivan Haralambof n’est pas candidat. En revanche, on ignore tout des deux autres «papables», Vignon et Eggenschwiler, comme on ne sait rien de la centaine de candidatures plus ou moins loufoques qui a sans doute été déposée auprès du chasseur de têtes mandaté. C’est précisément là que le bât risque de blesser. 

Lorsque la «short list» sera établie, elle sera sans doute soumise au conseil d’ad-mi-nis-tration de Genève Aéroport (20 membres!), qui biffera des noms pour n’en retenir qu’un. Là, on peut légitimement craindre le pire, tant le conseil d’administration est politisé, avec tous les petits arrangements que cela présuppose. Mais, fort heureusement, ce même conseil compte dans ses rangs des personnalités qui maîtrisent le dossier et sauront séparer le bon grain de l’ivraie. La première d’entre elles est sans doute l’indus-triel André Kudelski, premier vice-président du conseil. Le patron de la société éponyme sait parfaitement que l’aviation est une industrie et qu’un aéroport est une entreprise. 

Un tel porte-avions de plus de 1000 collaborateurs ne se dirige pas à vue. Il faut un cap et quelqu’un qui s’y tienne. Pour y parvenir, il faudra faire face aux médias, aux syndicats, aux riverains, aux airlines toujours plus exigeantes. Beaucoup d’appelés, peu d’élus! Ils ne sont pas légion ceux qui seront capables de tenir la barre et de prendre la direction de l’aéroport pour les dix prochaines années, qui seront marquées par l’immense chantier de l’Aile Ouest et la croissance du trafic aérien. Un choix politisé serait une erreur crasse! Freiner un candidat valable le serait tout autant.

Dominique Sudan