La période de la chasse tombe à pic: un chasseur de têtes a ouvert la succession à la direction de Genève Aéroport, le patron actuel partant à la retraite dans quinze mois exacte-ment. Aussi bien lui, Robert Deillon, que son prédécesseur, Jean-Pierre Jobin, ont prouvé dans leur gestion respective que seul un enfant du sérail est capable de diriger le deuxième plus grand aéroport du pays et de faire face aux défis immédiats marqués par une croissance soutenue du trafic. Leadership, expérience à linternational, connais-sances de lindustrie aérienne et soutien politique sont les quatre axes retenus par le chasseur de têtes qui a brossé le portrait du prochain Directeur général. Ces derniers jours, la presse économique et quotidienne sest emparée du sujet suite au dossier ouvert il y a peu par TRAVEL INSIDE. Sil ne sagissait que de pures spéculations, elle ne laurait jamais fait: les trois candidats mentionnés ont tous le profil recherché. Aujourdhui, on sait déjà quIvan Haralambof nest pas candidat. En revanche, on ignore tout des deux autres «papables», Vignon et Eggenschwiler, comme on ne sait rien de la centaine de candidatures plus ou moins loufoques qui a sans doute été déposée auprès du chasseur de têtes mandaté. Cest précisément là que le bât risque de blesser.
Lorsque la «short list» sera établie, elle sera sans doute soumise au conseil dad-mi-nis-tration de Genève Aéroport (20 membres!), qui biffera des noms pour nen retenir quun. Là, on peut légitimement craindre le pire, tant le conseil dadministration est politisé, avec tous les petits arrangements que cela présuppose. Mais, fort heureusement, ce même conseil compte dans ses rangs des personnalités qui maîtrisent le dossier et sauront séparer le bon grain de livraie. La première dentre elles est sans doute lindus-triel André Kudelski, premier vice-président du conseil. Le patron de la société éponyme sait parfaitement que laviation est une industrie et quun aéroport est une entreprise.
Un tel porte-avions de plus de 1000 collaborateurs ne se dirige pas à vue. Il faut un cap et quelquun qui sy tienne. Pour y parvenir, il faudra faire face aux médias, aux syndicats, aux riverains, aux airlines toujours plus exigeantes. Beaucoup dappelés, peu délus! Ils ne sont pas légion ceux qui seront capables de tenir la barre et de prendre la direction de laéroport pour les dix prochaines années, qui seront marquées par limmense chantier de lAile Ouest et la croissance du trafic aérien. Un choix politisé serait une erreur crasse! Freiner un candidat valable le serait tout autant.
Dominique Sudan