Swiss: autogoal des «pilotinos»  (Edition 2006-39)

En préférant le débrayage au décollage, le syndicat Swiss Pilots réunissant les anciens de Crossair a creusé sa propre tombe et opté pour la manière forte. Reprendre des pourparlers positifs relève de la pure utopie. Les faits sont là: les anciens de Crossair ont obligé Swiss à annuler 140 vols au total et à fâcher quelque

En préférant le débrayage au décollage, le syndicat Swiss Pilots réunissant les anciens de Crossair a creusé sa propre tombe et opté pour la manière forte. Reprendre des pourparlers positifs relève de la pure utopie. Les faits sont là: les anciens de Crossair ont obligé Swiss à annuler 140 vols au total et à fâcher quelque 8300 passagers. Le tort moral est considérable.

Malgré les bonnes couleurs qu’a reprises Swiss depuis le printemps dernier, l’image de la compagnie souffrira de l’attitude de Swiss Pilots car le client ne fait absolument aucune différence entre les anciens pilotes de Crossair et ceux de Swissair. D’ailleurs ce n’est pas son rôle de séparer le bon grain de l’ivraie. Rapidement, Swiss Pilots devra rendre des comptes car l’image d’une compagnie n’a pas de prix.

Les anciens de Crossair revendiquent l’impossible: ils n’obtiendront jamais le même contrat collectif de travail que les pilotes d’Airbus. La séparation claire des flottes régionales est devenue une réalité et Swiss Pilots doit l’accepter.

Comment obtenir un contrat collectif identique alors que les critères de sélection étaient déjà très différents au départ? Pourquoi ne pas admettre aussi que les compétences ne sont pas les mêmes? Pourquoi ne pas avouer non plus que près de la moitié des anciens de Crossair avaient raté la «transition» sur Airbus lorsque Swiss les destinaient à prendre les commandes des A320 de la marque charter Swiss Sun? De quel droit un capitaine de la CGN obtiendrait-il les mêmes conditions qu’un commandant de navire de croisières?

Swiss ne peut plus se permettre de tels couacs car elle est désormais membre d’une alliance globale qui n’accepte pas de tels dysfonctionnements. De plus, Swiss Pilots cherche visiblement à attaquer les intérêts de ses collègues et n’obtiendra aucun soutien de la part des pilotes d’Airbus. Que ceux-ci disposent d’un délai de commentaire relatif à leur propre contrat collectif qui doit être voté dans environ un mois ne change rien au problème de fond.

Les anciens de Crossair ont décidé de déclarer la guerre à la compagnie qui les emploie comme Suter & Dosé l’ont fait jadis. Face à une telle attitude néfaste, la direction de Swiss dispose aujourd’hui d’une marge de manœuvre beaucoup plus large pour répondre aux «pilotinos».

Dominique Sudan