La conférence de presse de Swiss International Air Lines aura été une opération de communication et de marketing réussie. Présenté en moins dune heure, le message était repris par toute la presse du lendemain: Swiss va se renforcer à Genève. Alors que certains gardent comme une profonde cicatrice labandon de la plate-forme genevoise par la défunte Swissair, dautres se réjouissent de la promesse de création de près de 250 emplois dans la région.
Néanmoins, sitôt que lon cherche à obtenir davantage de précisions, les réponses tombent dans un certain flou et lhorizon recule alors un peu. 2014 est lannée estimée pour divers éléments comme léchéance pour atteindre les 250 postes ou encore le début de livraison des premiers Bombardier CSeries. Pour autant que ces derniers ne subissent aucun nouveau retard, les tests de lappareil ayant eux-mêmes été repoussés de six mois. Bref, lannonce paraît dès lors moins tonitruante quau départ.
La question du personnel engagé, notamment les 90 pilotes, soulève également quelques interrogations au niveau de la convention collective. Le réseau au départ de Genève se compose presque essentiellement de court et moyen-courrier. Seule New York fait office de destination long-courrier. Verra-t-on une disparité chez Swiss entre les pilotes romands qui officieront dans une sorte de Crossair, et ceux de Suisse alémanique qui opèreront sur des destinations beaucoup plus lointaines?
Une autre question se pose quant à la stratégie annoncée par Harry Hohmeister. Swiss ne fera pas de guerre tarifaire en cassant les prix, mais en apportant le meilleur rapport prix/prestation possible. Dans la mesure où lon parle de destinations court et moyen-courriers, un segment sur lequel Easyjet sest déjà bien établie, qui dit que cet argument ira au-devant des attentes de la clientèle? Le produit dEasyjet ne cesse dêtre adapté, avec pour dernier exemple lintroduction de la réservation des sièges. Difficile de se retenir de comparer les stratégies de Swiss et dEasyjet. Et lorsque lon met ces deux compagnies côte à côte, force est de constater que lune fait des annonces, tandis que lautre agit. Au final, on peut se demander si ces changements sont des promesses en lair ou le reflet dune stratégie réfléchie.