Swiss va développer Genève (Edition 2012-47)

Promesses en l’air ou stratégie réfléchie?

La conférence de presse de Swiss International Air Lines aura été une opération de communication et de marketing réussie. Présenté en moins d’une heure, le message était repris par toute la presse du lendemain: Swiss va se renforcer à Genève. Alors que certains gardent comme une profonde cicatrice l’abandon de la plate-forme genevoise par la défunte Swissair, d’autres se réjouissent de la promesse de création de près de 250 emplois dans la région. 

Néanmoins, sitôt que l’on cherche à obtenir davantage de précisions, les réponses tombent dans un certain flou et l’horizon recule alors un peu. 2014 est l’année estimée pour divers éléments comme l’échéance pour atteindre les 250 postes ou encore le début de livraison des premiers Bombardier CSeries. Pour autant que ces derniers ne subissent aucun nouveau retard, les tests de l’appareil ayant eux-mêmes été repoussés de six mois. Bref, l’annonce paraît dès lors moins tonitruante qu’au départ.

La question du personnel engagé, notamment les 90 pilotes, soulève également quelques interrogations au niveau de la convention collective. Le réseau au départ de Genève se compose presque essentiellement de court et moyen-courrier. Seule New York fait office de destination long-courrier. Verra-t-on une disparité chez Swiss entre les pilotes romands qui officieront dans une sorte de Crossair, et ceux de Suisse alémanique qui opèreront sur des destinations beaucoup plus lointaines?

Une autre question se pose quant à la stratégie annoncée par Harry Hohmeister. Swiss ne fera pas de guerre tarifaire en cassant les prix, mais en apportant le meilleur rapport prix/prestation possible. Dans la mesure où l’on parle de destinations court et moyen-courriers, un segment sur lequel Easyjet s’est déjà bien établie, qui dit que cet argument ira au-devant des attentes de la clientèle? Le produit d’Easyjet ne cesse d’être adapté, avec pour dernier exemple l’introduction de la réservation des sièges. Difficile de se retenir de comparer les stratégies de Swiss et d’Easyjet. Et lorsque l’on met ces deux compagnies côte à côte, force est de constater que l’une fait des annonces, tandis que l’autre agit. Au final, on peut se demander si ces changements sont des promesses en l’air ou le reflet d’une stratégie réfléchie.