TOs confiants, clients méfiants? (Edition 2011-49)

Dominique Sudan à propos du duo Egypte/Tunisie

La percée des partis islamistes, certes modérés, est devenue une réalité en Egypte et en Tunisie, voire au Maroc. Mais les principaux producteurs, grands TOs et entreprises spécialisées confondus, affichent une belle sérénité. Leur confiance n’est nullement ébranlée par le virage négocié au niveau politique, bien au contraire. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils tiennent le couteau par le manche.

En termes de volume, Egypte et Tunisie sont d’une importance capitale pour la branche suisse des voyages. Sur place, les discours sont à peu près identiques: on veut renouer rapidement avec les succès d’antan, ceux qui précédaient le fameux Printemps arabe qui fit tache d’huile de l’Afrique du Nord au Proche et Moyen-Orient, et ne s’est nullement limité à deux destinations. On porte l’accent sur le maintien des libertés individuelles, on insiste sur le fait que les mouvements islamistes dont il est question restent modérés, on se fixe des objectifs touristiques élevés, à 50 millions d’entrées pour l’Egypte et une dizaine de millions pour la Tunisie. Les TOs suivent le mouvement et restent convaincus que 2012 marquera le début d’une ère nouvelle.

Certes, mais les images du Caire demeurent dans l’inconscient collectif et leur effet à court terme est extrêmement négatif. Que le littoral de la mer Rouge soit épargné n’y change rien: le consommateur carbure à la confiance. Lorsque celle-ci fait défaut, même les actions tarifaires les plus spectaculaires n’y changent rien. C’est un fait avéré, il faut l’admettre. 

TOs confiants, clients méfiants? Sans doute. D’autant que les grands TOs, malgré leurs discours rassurants, ont en main des armes à double tranchant: d’un côté, ils mettent en avant un niveau de prix excessivement bas sur les destinations concernées; de l’autre, ils offrent des alternatives long-courriers plus attrayantes que jamais et risquent ainsi de mettre durablement en péril l’attrait de deux destinations hivernales moyen-courriers. Un jeu dangereux dans la mesure où les prestataires tunisiens et égyptiens martèlent de leur côté qu’ils ne braderont pas leurs pays et maintiendront un niveau tarifaire décent.

Regagner la confiance prendra de toute façon du temps. L’hiver égyptien semble d’ailleurs bien compromis, même si l’effet Last Minute laisse aux TOs quelque espoir de sauver la saison. Et en analysant l’évolution rapide du Tour Operating moyen-courrier, force est de constater que les producteurs eux-mêmes devront revoir leur copie. Les changements radicaux qui s’opèrent en Egypte et en Tunisie leur en donnent sans doute l’occasion. Car si Egypte et Tunisie se muent vraiment en Last Minute, elles deviendront aussi Low Cost. Elles ne le méritent pas.