La percée des partis islamistes, certes modérés, est devenue une réalité en Egypte et en Tunisie, voire au Maroc. Mais les principaux producteurs, grands TOs et entreprises spécialisées confondus, affichent une belle sérénité. Leur confiance nest nullement ébranlée par le virage négocié au niveau politique, bien au contraire. Ce qui ne signifie pas pour autant quils tiennent le couteau par le manche.
En termes de volume, Egypte et Tunisie sont dune importance capitale pour la branche suisse des voyages. Sur place, les discours sont à peu près identiques: on veut renouer rapidement avec les succès dantan, ceux qui précédaient le fameux Printemps arabe qui fit tache dhuile de lAfrique du Nord au Proche et Moyen-Orient, et ne sest nullement limité à deux destinations. On porte laccent sur le maintien des libertés individuelles, on insiste sur le fait que les mouvements islamistes dont il est question restent modérés, on se fixe des objectifs touristiques élevés, à 50 millions dentrées pour lEgypte et une dizaine de millions pour la Tunisie. Les TOs suivent le mouvement et restent convaincus que 2012 marquera le début dune ère nouvelle.
Certes, mais les images du Caire demeurent dans linconscient collectif et leur effet à court terme est extrêmement négatif. Que le littoral de la mer Rouge soit épargné ny change rien: le consommateur carbure à la confiance. Lorsque celle-ci fait défaut, même les actions tarifaires les plus spectaculaires ny changent rien. Cest un fait avéré, il faut ladmettre.
TOs confiants, clients méfiants? Sans doute. Dautant que les grands TOs, malgré leurs discours rassurants, ont en main des armes à double tranchant: dun côté, ils mettent en avant un niveau de prix excessivement bas sur les destinations concernées; de lautre, ils offrent des alternatives long-courriers plus attrayantes que jamais et risquent ainsi de mettre durablement en péril lattrait de deux destinations hivernales moyen-courriers. Un jeu dangereux dans la mesure où les prestataires tunisiens et égyptiens martèlent de leur côté quils ne braderont pas leurs pays et maintiendront un niveau tarifaire décent.
Regagner la confiance prendra de toute façon du temps. Lhiver égyptien semble dailleurs bien compromis, même si leffet Last Minute laisse aux TOs quelque espoir de sauver la saison. Et en analysant lévolution rapide du Tour Operating moyen-courrier, force est de constater que les producteurs eux-mêmes devront revoir leur copie. Les changements radicaux qui sopèrent en Egypte et en Tunisie leur en donnent sans doute loccasion. Car si Egypte et Tunisie se muent vraiment en Last Minute, elles deviendront aussi Low Cost. Elles ne le méritent pas.