Tous unis contre le groupe Lufthansa (Edition 2015-29)

Allemagne, Autriche et Suisse refusent la nouvelle DCC

La Distribution Cost Charge (DCC) annoncée par le groupe Lufthansa (LH) soulève un tollé à travers l’Eu-rope. Il y a une semaine, Max E. Katz rappelait la frustration exprimée lors d’une récente séance qu’il avait convoquée en tant que président de la Fédération suisse du voyage (FSV), et qui réunissait les CEOs des cinq grands TOs, une TMC et la direction générale de Swiss: «Nous en avons profité pour présenter diverses propositions, notamment sur d’autres manières possibles de générer les recettes de la taxe ou encore sur le calendrier prévu. Toutes nos propositions ont malheureusement été rejetées et il nous a été confirmé une nouvelle fois que la taxe sera introduite le 1er septem-bre», lance Max E. Katz.

Pour le président de la FSV, les choses sont claires: le groupe LH veut contrôler les canaux de distribution; la suppression du «full content» ne permet plus la transparence actuelle; avec une connexion directe gérée hors BSP (quels délais de paiement?), le groupe LH a accès aux PNR et contrôle le client final.

Dans un document commun, les cinq groupements romands d’agences de voyages et l’association TPA abondent dans le même sens: «Le groupe LH nous met devant le fait accompli et prend nos clients en otage. Ce faisant, le groupe LH affiche clairement son intention de retirer au consommateur la possibilité d’une comparaison de l’ensemble des tarifs. Nous ne pouvons pas en appeler au boycott. Néanmoins, chacun adaptera son comportement commercial selon ses propres convictions», note David Léchot, délégué de la FSV en Romandie.      

Claude Luterbacher, vice-président de la FSV, retient quant à lui «l’arrogance, le manque de concertation, la discrimination, et l’abus de position dominante du groupe LH.» Selon lui, la distribution doit rester plurielle: «Les deux canaux de distribution restants (online et agences de voyages) doivent se compléter, tirer à la même corde et, surtout, garantir une offre exhaustive et non discriminatoire. Opposer ces deux canaux est une grossière erreur de marketing. Et, techniquement, les solutions proposées (LH Group-agent ou Direct Connect) ne tiennent pas: nous avons besoin d’un outil neutre, offrant toute une palette de services additionnels en termes de mid- et back-office, de duty of care, de statistiques, etc.», poursuit Claude Luterbacher.

Dans une prise de position commune, la FSC, ainsi que la DRV (Deutscher ReiseVerband) et l’ÖRV (Österreichischer ReiseVerband) ont critiqué vertement la décision du groupe LH. La commission aé-rienne commune exige que le groupe LH et les GDS trouvent ensemble une solution pour la structure de leurs coûts et redevances. «Il s’agit d’un problème entre ces deux partenaires, qui ne doit en aucun cas se régler sur le dos des agences de voyages et de leurs clients», explique Walter Kunz, directeur de FSV. La commission exhorte le groupe LH à renoncer à la DCC, ou, s’il la maintient, à la facturer également sur les sites Internet des compa-gnies.

Dominique Sudan