«Tout le monde se sent pris au piège des compagnies aériennes et nous sommes les dindons de la farce» (Edition 2015-11)

Agences et clients s’étonnent de ne pas voir répercutée la baisse du prix du pétrole dans l’aérien. Jean-Marc Roch, Lausanne Voyages, partage son point de vue.

Il semblerait que la «surcharge carburant» soit toujours un problème, pourquoi?

Effectivement, autant les clients pou-vaient comprendre nos explications lorsque le prix du baril était en hausse, dans la mesure où ils observaient l’impact à la pompe à essence, autant ils voient au-jourd’hui que le prix du baril ne cesse de baisser et ils ne comprennent pas pourquoi cette baisse n’est pas répercutée.

Est-ce propre à certaines compa-gnies?

Non, en règle générale, toutes les grandes compagnies sont peu claires concer-nant l’application de cette taxe.

Plusieurs indiquent pourtant avoir abandonné la «Fuel Surcharge». Est-ce le cas?

Tout est question d’interprétation. Dans le cas de Swiss, il n’y a effectivement plus de Fuel Surcharge. On trouve désormais une taxe internationale, qui à vrai dire n’a pas vraiment de sens. Cela ressemble plus à une grande hypocrisie, car si je prends l’exemple d’un vol sur San Francisco en classe Affaires, elle représente plus de 11% du billet. Seule la dénomination a vraiment changé.

Les compagnies sont-elles en mesure de vous livrer des explications lorsque vous les sollicitez?

Non, car elles se cachent derrière le fait qu’il ne s’agit plus d’une «Fuel Sur-charge» et quelle comprend divers éléments. Mais personne ne sait exactement ce qui s’y trouve et au final, nous avons l’impression d’être pris pour des idiots, car il y a toujours la théorie des achats à long terme (hedging). A les écouter, les compagnies n’ont pas de chance, car on a le sentiment qu’elles achètent leurs dollars et leur carburant au plus haut. A présent, j’attends de voir les prix dans six mois, car en procédant de la sorte, la répercussion devrait commencer à se faire entre juin et août. Quelle sera leur excuse à ce moment?

De votre côté, comment expliquez-vous cela à vos clients?

Il n’y a rien à expliquer. Tout le monde se sent pris au piège des compagnies aé-riennes. Dans cette histoire, nous sommes les dindons de la farce.

Quelle solution envisageriez-vous pour régler ce problème?

Pour rappel, les diverses taxes sont prélevées par les compagnies aériennes et normalement redistribuées à qui de droit (aéroport, sécurité, etc…). Ce n’est pas le cas de celle-ci que les compagnies gardent, car elle fait partie du billet. Il faudrait que IATA règle la dénomination des taxes et que les autres surcoûts qui ne sont pas des taxes soient intégrés dans le billet, ou alors séparés de ma-nière distincte, et remboursables.

CD