TUI veut «franchiser» la Romandie (Edition 2008-27)

Dominique Sudan à propos de TUI Suisse

TUI Suisse met en place un partenariat commercial exclusif pour quelque
200 agences de voyages romandes: celles-ci recevront par courrier tous
les détails du nouveau concept «TUI BasicPartner» étendu au marché gris
et à la location de voitures signés Flex Travel ainsi qu’au produit en
euros 1-2-Fly. Même si la direction de TUI Suisse ne l’admet pas
(encore), ce pas important pourrait, à terme, conduire au retour d’une
production en français, quand bien même le choix stratégique fait il y
a plus de deux ans ne va pas vraiment dans cette direction.

Lorsqu’il renonçait à la production de brochures en français, TUI avait
raison et tort à la fois: raison, parce que le potentiel du marché
reste limité en matière d’offres balnéaires que la concurrence directe
commercialise déjà; tort, parce que TUI prétendait alors que la
mentalité de la clientèle était différente, voire individualiste.

C’est précisément avec la souplesse des produits Flex Travel que TUI
marque aujourd’hui son retour en Suisse romande avec un concept qui
s’apparente à du franchising. Les conditions requises pour devenir un
«TUI Suisse BasicPartner» permettent déjà d’affirmer que le TO
connaîtra un joli taux de réussite avec ce nouveau concept. Le chiffre
d’affaires minimum à réaliser est si bas que chaque agence ne disposant
pas de code chez les deux autres grands devrait sans peine adhérer au
programme et dépasser rapidement la limite supérieure offrant l’accès à
toute la gamme des produits TUI et Flex Travel.

Indirectement, TUI admet aussi l’erreur de ne pas avoir maintenu en vie
la version française de Flex Travel qui collait parfaitement à la
mentalité romande, notamment aux USA, au Canada, en Asie et en
Australie. Avec le développement d’Internet, TUI réalise aussi
d’intéressantes économies puisque la traduction des produits Flex
Travel n’est plus la condition sine qua non pour imposer un produit
totalement individuel; la traduction des documents de voyages suffit
aujourd’hui au plus grand nombre.

Rapidement, TUI Suisse pourrait gêner dans la mesure où le nombre
d’agences individuelles non agréées par les deux autres grands reste
très élevé en Suisse romande. Et en orientant leurs ventes, les 200
agences visées pourraient rapidement donner naissance à un intéressant
réseau de distribution semi-franchisé. La manœuvre de TUI Suisse, aussi
sympathique soit-elle pour les indépendants de Suisse romande, n’a
aucun caractère philanthropique: commercialement, elle est très habile
et intelligente.