Turkish Airlines agace le groupe Lufthansa (Edition 2014-31)

La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres

Le modèle des alliances aériennes semble toujours plus sujet à une remise en question. D’un côté, celui du consommateur, la promesse d’un service uniformisé de A à Z avec aussi peu d’accrocs que possible. De l’autre, celui des membres, l’ouverture aux réseaux des autres, avec des opportunités de synergies, souvent synonymes d’économies et de performances accrues. Trop beau pour être vrai?

Dans les années 1990, un tel modèle avait toute sa raison d’être. La globalisation était alors une grande mode et les perspectives de croissance que promettait ce chemin étaient fort séduisantes. Si l’on oublie volontiers les errements de ce que furent les alliances du Qualiflyer à son époque, les alliances aériennes Star Alliance, Oneworld et Skyteam ont su se donner un sens et développer un réseau réellement mondial.

Le problème principal est venu avec l’arrivée de compagnies fonctionnant selon un modèle différent. Par-dessus tout, c’est l’absence de contraintes politiques qui pèse lourdement dans la balance. Tandis qu’une Lufthansa, une British Airways ou une Air France-KLM doit composer avec la règlementation européenne, une Emirates ou, dans le cas présent, une Turkish Airlines, peut jouir d’une plus grande liberté pour se développer. C’est précisément une situation inéquitable en termes de concurrence que dénonce Lufthansa.

Au sein des alliances, la concurrence reste libre. De nombreux exemples ont déjà fait surface, notamment sur les routes à destination de l’Asie, ou même dans le cas de la Suisse où volent tout de même Lufthansa, Austrian, Swiss, TAP Portugal et SAS… Swiss a pu ainsi lancer ses vols de Genève sur le Portugal et la Scandinavie, même si deux «partenaires» tentent de maintenir leur place sur le marché.

Reste à savoir si le modèle des alliances saura survivre face aux compagnies «li-bres» ou même aux super-fusions qui ont eu lieu outre-Atlantique. La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres est une bonne philosophie de vie. Mais peut-elle s’appliquer durablement dans un environnement de lutte commerciale?

Cédric Diserens