Un dialogue de sourds (Edition 2008-16)

Dominique Sudan à propos de Swiss et des GDS

Les recommandations figurant dans le catalogue de mesures établi par la
Fédération ne sont-elles finalement qu’un coup d’épée dans l’eau?
Possible si l’on en juge par la participation à un événement organisé
par Swiss le week-end dernier et par l’attitude des grands TOs et des
différentes associations d’agences de voyages: jusqu’à nouvel avis, il
n’y aura aucune consigne de vente donnée aux gens du front et le choix
du client demeurera déterminant.

Pire, c’est à un véritable dialogue de sourds que l’on assiste: chacun
campe encore sur ses positions, Swiss prépare la branche à
l’introduction du nouveau modèle de distribution assorti de tarifs
préférentiels, les GDS ne bronchent pas. S’ils ne le font pas, c’est
sciemment: la
libéralisation des GDS est en marche et devrait intervenir l’an
prochain. Swiss, d’ailleurs, cherche en vain depuis deux ans à modifier
les dispositions contractuelles la liant aux GDS alors que son contrat
Amadeus arrive à échéance à la fin du mois de juin.

Aujourd’hui, la situation est bloquée. Pour sortir de l’impasse, il
conviendrait d’entamer un vrai dialogue, ce que les mesures
recommandées par la Fédération interdisent presque. Dans les deux cas,
on se renvoie la balle, chose aisée puisqu’il ne s’agit nullement d’une
relation commerciale triangulaire compagnies-GDS-agences mais bien de
contrats bilatéraux. Or, pour modifier un accord bilatéral, il faut
négocier et non se barricader comme la branche est en passe de le
faire. Les têtes pensantes de la Fédération souhaitent-elles vraiment
que les associations de protection des consommateurs qui ont déjà causé
passablement de tort à la branche entrent dans la danse et faussent
toute la discussion?

Au contraire, chacun doit maintenant se ressaisir. Les GDS les
premiers, qui se regardent en chiens de faïence puisque l’un serait
prêt à lâcher du lest (Galileo) alors que l’autre semble fermé
(Amadeus). De longues semaines permettent encore d’aboutir à une
solution favorable avant la date fatidique du 1er octobre.

Swiss s’est peut-être trompée de cible en annonçant la couleur aux
distributeurs en janvier dernier; en retour, elle a eu droit à une
réaction aussi violente que peu constructive. Swiss peut aussi se
racheter en ne mettant pas la charrue avant les bœufs: négocier d’abord
de nouvelles conditions avec les GDS et les communiquer ensuite à ses
principaux partenaires.

Lesquels ne doivent pas perdre de l’esprit qu’un match de football ou
la participation à un incentive de vente ne changera rien à la
problématique d’aujourd’hui: au final, le client tient le couteau par
le manche. Et les volumes d’affaires pourraient très bien faire éclater
le front qui semble aujourd’hui si uni.