Un grand seigneur tire sa révérence (Edition 2007-46)

Dominique Sudan à propos de Départ Voyages

Patrick Bourdain peut sortir la tête haute. Perfectionniste dans l’âme, il recherchait depuis plusieurs années
«La solution» assurant la pérennité de son entreprise.
En signant avec Albertsen, il boucle la boucle puisque c’est précisément chez Yves Barraud que le jeune Français avait fait ses premières armes dans la branche des voyages. Depuis, on sait ce que Départ Antilles et ensuite Départ Océan Indien sont devenus: des références en matière de qualité de produit et de service aux agences.

Les groupes Hotelplan, Kuoni ou Travelhouse auraient bien sûr été des candidats sérieux à la reprise de Départ Voyages. Mais les trois auraient tout simplement cassé le jouet puisque seule la marque Départ Antilles les intéressaient. Avec Albertsen au contraire, les synergies sont multiples: même philosophie totalement orientée vers la qualité, même approche de destinations insulaires de rêve, même partenaire aérien prioritaire. Réunis sous un même toit, Albertsen et Départ forment le couple parfait, celui qu’aucun malentendu ne conduira à la rupture.

Avec sa sensibilité à fleur de peau, Bourdain est soulagé: ce personnel dont il exige beaucoup mais auquel il donne énormément conserve un plein emploi et bénéficie de conditions qu’aucun autre repreneur, aussi grand fût-il, ne lui aurait garanti. Avec Jacquy Boinnard qui est un ami de longue date de Patrick Bourdain, l’alchimie est une réalité.

La Suisse romande des TOs spécialisés ne perd donc aucun acteur majeur. Au contraire, elle en gagne deux qui sont parfaitement complémentaires. Bourdain a eu raison de frapper deux fois à la même porte dans un intervalle de trente-cinq ans. Par deux fois, on lui aura ouvert, on l’aura compris et on lui aura donné cette chance unique à laquelle tout entrepreneur aspire: réunir toutes les conditions pour que l’enfant bien né continue à vivre sa vie.

Mais Bourdain n’est pas un cas isolé. En Suisse alémanique, de vrais professionnels ont aussi passé le témoin à d’autres, dans la plupart des cas des grands groupes où une grande partie de l’esprit des marques se dilue de toute façon, tout simplement parce qu’une seule personne incarnait avant l’entreprise. En Suisse romande, le problème se posera dans un proche avenir à d’autres TOs pointus et indépendants. On pense à L’atelier du voyage ou à Voyages et Culture, pour ne citer que deux exemples. Eux aussi seront tôt ou tard confrontés aux mêmes difficultés: vendre un savoir-faire et d’immenses compétences professionnelles. Toutes les entreprises concernées devraient s’inspirer de l’exemple de Départ Voyages si elles souhaitent vraiment que la diversité de l’offre qui fait la richesse de la Suisse romande des voyages pointus ne se perde pas dans de grands groupes anonymes.