Patrick Bourdain peut sortir la tête haute. Perfectionniste dans lâme, il recherchait depuis plusieurs années
«La solution» assurant la pérennité de son entreprise.
En signant avec Albertsen, il boucle la boucle puisque cest précisément chez Yves Barraud que le jeune Français avait fait ses premières armes dans la branche des voyages. Depuis, on sait ce que Départ Antilles et ensuite Départ Océan Indien sont devenus: des références en matière de qualité de produit et de service aux agences.
Les groupes Hotelplan, Kuoni ou Travelhouse auraient bien sûr été des candidats sérieux à la reprise de Départ Voyages. Mais les trois auraient tout simplement cassé le jouet puisque seule la marque Départ Antilles les intéressaient. Avec Albertsen au contraire, les synergies sont multiples: même philosophie totalement orientée vers la qualité, même approche de destinations insulaires de rêve, même partenaire aérien prioritaire. Réunis sous un même toit, Albertsen et Départ forment le couple parfait, celui quaucun malentendu ne conduira à la rupture.
Avec sa sensibilité à fleur de peau, Bourdain est soulagé: ce personnel dont il exige beaucoup mais auquel il donne énormément conserve un plein emploi et bénéficie de conditions quaucun autre repreneur, aussi grand fût-il, ne lui aurait garanti. Avec Jacquy Boinnard qui est un ami de longue date de Patrick Bourdain, lalchimie est une réalité.
La Suisse romande des TOs spécialisés ne perd donc aucun acteur majeur. Au contraire, elle en gagne deux qui sont parfaitement complémentaires. Bourdain a eu raison de frapper deux fois à la même porte dans un intervalle de trente-cinq ans. Par deux fois, on lui aura ouvert, on laura compris et on lui aura donné cette chance unique à laquelle tout entrepreneur aspire: réunir toutes les conditions pour que lenfant bien né continue à vivre sa vie.
Mais Bourdain nest pas un cas isolé. En Suisse alémanique, de vrais professionnels ont aussi passé le témoin à dautres, dans la plupart des cas des grands groupes où une grande partie de lesprit des marques se dilue de toute façon, tout simplement parce quune seule personne incarnait avant lentreprise. En Suisse romande, le problème se posera dans un proche avenir à dautres TOs pointus et indépendants. On pense à Latelier du voyage ou à Voyages et Culture, pour ne citer que deux exemples. Eux aussi seront tôt ou tard confrontés aux mêmes difficultés: vendre un savoir-faire et dimmenses compétences professionnelles. Toutes les entreprises concernées devraient sinspirer de lexemple de Départ Voyages si elles souhaitent vraiment que la diversité de loffre qui fait la richesse de la Suisse romande des voyages pointus ne se perde pas dans de grands groupes anonymes.