«Une compagnie aérienne devra couvrir sa propre insolvabilité» (Edition 2015-27)

Michel de Blust, Secrétaire général de l’ECTAA, face à la révision de la directive sur les voyages à forfait.

Est-il vrai que les revendications de l’ECTAA n’ont été que partiellement prises en compte? Lesquelles, par exemple?

La directive européenne sur les voyages à forfait vient en effet d’être finalisée et a été le fruit d’intenses négociations entre les institutions européennes et les intérêts en présence: agents de voyages (online et offline), tour-opérateurs, compagnies aériennes, consommateurs et industrie hôtelière. Bien que nous le regrettions, nos revendications n’ont été que partiellement prises en compte concernant le champ d’application. 

En effet, nous ne trouvons pas que la définition de «click-through» sera efficace, néanmoins la création des prestations voyages liées, imposant une garantie financière, va améliorer les conditions de concurrence entre les différents acteurs du marché.

Quelles étaient les principales revendications de l’ECTAA?

L’une des principales revendications de l’ECTAA a été la reconnaissance des combinaisons de vente point par point, dites «click-through». La définition de ces combinaisons, qui a été au cœur des débats jusqu’ à la fin des négociations, a été reconnue dans le texte final, ce qui n’était pas acquis. Néanmoins cette définition est beaucoup trop restrictive et nous pensons qu’aucune combinaison ne sera concernée par cette définition. Un «click-through» ne sera formé que si sont transférés entre les deux vendeurs le nom, l’adresse e-mail et les données de paiement. En pratique, cela se produit rarement.

Le point positif est que la Commission européenne est chargée d’étudier les effets et l’efficacité de cette définition dans les trois ans. Si cette der-nière n’est pas efficace, il faudra la réviser à ce moment-là.

Qu’en est-il des prestations de voyages liées, par exemple sur les sites Internet des airlines?

Un point qui a été supporté par l’ECTAA et qui a été retranscrit dans les textes finaux est la reconnaissance de ces prestations de voyage liées, ou «linked travel arrangements». Ces dernières imposent aux détaillants proposant à la vente des services touristiques additionnels (location de véhicule, hôtel, autres) de fournir une garantie financière comme n’importe quel organisateur. 

Ce qui veut dire que même si une compagnie aérienne vendant les services d’un tiers sur son site Internet ne sera pas considérée comme un organisateur de voyages, elle devra couvrir sa propre insolvabilité. C’est une avancée notable vers une concurrence plus équitable entre tous les acteurs du marché.

Quels autres points positifs ont-ils été pris en compte?

D’autres avancées supportées par l’ECTAA ont été prises en compte dans la révision de ce texte. Par exemple le fait que les voyages d’affaires sont exclus du champ de la directive. 

Il existe maintenant un principe de reconnaissance mutuelle des garanties financières contre l’insolvabilité, ce qui facilitera la vente transfrontalière. Les organisateurs non-membres de l’UE, s’ils décident de vendre sur le territoire d’un Etat membre, devront aussi posséder une garantie financière.

Dominique Sudan