Depuis quelques années, Emirates semblait avoir manqué une opportunité de développement. Non pas que Genève soit une plate-forme mondialement incontournable, mais plutôt parce que le succès presque fulgurant dEtihad Airways et de Qatar Airways a montré à quel point il y avait une demande pour le Moyen-Orient et au-delà. Mais comme le veut ladage, il faut se méfier de leau qui dort.
Ce qui nétait que rumeurs ou option à létude pendant quelque temps, devrait se concrétiser dès juin prochain. De son côté, lAéroport International de Genève peut se réjouir, car il va bénéficier dune ouverture de plus sur le Moyen-Orient, avec de nombreuses options sur le réseau dEmirates au-delà de Dubaï. Qui plus est, la compagnie de Dubaï a su conquérir une partie de la clientèle romande, même si les départs se faisaient de Zurich.
Personne ne saurait dire comment la situation évoluera avec trois acteurs originaires de la même région (Etihad, Qatar et Emirates) sur un marché relativement petit comme celui que représentent la Suisse romande et la région de France voisine. Faudra-t-il sattendre à une guerre des tarifs tirant les revenus vers le bas? Ou alors y aura-t-il des abandons à terme? Difficile de croire que le marché est assez grand pour trois concurrents sur des segments identiques.
Mais dautres compagnies sont également concernées par ce nouveau venu. Ainsi, Turkish Airlines et son réseau dAsie devra compter avec la concurrence dEmirates. Swiss International Air Lines verra peut-être le volume du trafic dapport sur Zurich diminuer, ainsi que sur les vols entre Zurich et Dubaï. Le client direct ne sera pas le seul à être affecté par cette nouvelle offre. Les voyagistes seront également amenés à revoir leur offre.
Sous-continent indien, Asie du Sud-Est, Australie et Nouvelle-Zélande, océan Indien Si lon ajoute à cette offre limage reconnue dun produit de qualité supérieure et dun immense degré de notoriété, nul doute que limpact sera fort. Ainsi même le vol dEdelweiss sur lîle Maurice pourrait perdre son intérêt pour une partie des Romands qui ne souhaitent pas emprunter la plate-forme zurichoise. Ceci même si, pour le moment, la clientèle helvétique considère Dubaï et Maurice séparément et privilégie les vols directs.
Toutefois le plus grand atout qui paraît jouer en faveur dEmirates, cest le hub de Dubaï. La tendance dun dé-placement géostratégique vers le Golfe semble bien en marche. Et ce ne sont pas les hubs plus que saturés de lEurope (Francfort, Londres, Paris) qui viendront changer la donne de manière significative.
Reste à évaluer concrètement laccueil que recevra Emirates de la part de la clientèle, ainsi que lévolution du trafic dans les deux sens. Certes, Genève est la ville des Nations Unies et autres ONG, mais elle na pas encore un caractère de hub international et son offre en continuation a encore besoin dêtre étoffée afin de la doter dun véritable programme de plaque tournante.