Une structure absurde et inadaptée (Edition 2008-21)

Dominique Sudan à propos de Kuoni Suisse romande

Kuoni vient de faire ses grands nettoyages de printemps et mise aujourd’hui sur une nouvelle culture du voyage.

La succursale de Zurich-Bellevue sert de cobaye dans le cadre du
nouveau concept «Kuoni Concierge» et sera suivie de Bâle, Lucerne et
Lugano. Dans un deuxième temps, la Suisse romande sera elle aussi
évaluée, notamment Genève où Kuoni dispose de trois agences. Mais rien
ne bougera avant que la direction de Kuoni Suisse adapte la structure
des deux régions romandes joliment baptisées SL1 et SL2.

Là, nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que la division
actuelle est géographiquement absurde et inadaptée. Les deux régions
romandes de Kuoni ne tiennent tout simplement pas la route; elles sont
le résultat malheureux d’une époque où il convenait de diviser pour
mieux régner et où les ambitions et les vœux personnels primaient. On
est arrivé au statut actuel après différentes étapes: d’abord, la
Suisse romande de Kuoni était unie; ensuite, les Genevois avaient
prétendu que la structure de leur marché était différente avec les
segments Incoming et Business Travel, vieille ritournelle qui ne colle
plus à la réalité; enfin, SL1 et SL2 ont vu le jour et se distinguent
par un découpage incompréhensible.

A Zurich, on semble avoir compris qu’il est temps d’agir. Le départ
annoncé du chef régional SL1 devrait convaincre Kuoni d’accélérer le
rythme et de réunir enfin cette Suisse romande qui ne devait pas être
séparée. Prétendre que le chef régional doit aussi être chef d’agence
pour mieux sentir le terrain sera l’erreur à ne pas commettre. Il faut
au contraire reprendre un modèle passé qui a fait ses preuves, celui où
Kuoni n’éprouvait aucune difficulté à s’imposer sur le marché romand.

Partant du principe qu’autant de décisions stratégiques se prennent
dans les couloirs que dans les séances parfois stériles, le chef
régional romand qui représente une fonction à plein temps doit
impérativement être basé à Neue Hard. Ce domicile n’interdit pas une
grande mobilité
qui doit se traduire par une présence à mi-temps sur le terrain. Car ce
n’est pas en se rendant deux fois par mois au siège du grand TO que
l’on sera en mesure de défendre avec fermeté la mentalité et la
différence romandes. Au contraire, cela s’apparenterait à du
dilettantisme.

En saisissant l’occasion unique qui se présente à lui, le département
Distribution de Kuoni Suisse, Gianni Moccetti en tête, doit négocier
cet important virage stratégique et casser un modèle obsolète. Tout
simplement parce qu’à l’époque où un véritable «Monsieur Kuoni»
incarnait la Romandie à Zurich tout en entretenant ici des relations
très étroites avec les milieux économiques et les médias romands,
jamais la cote de Kuoni n’avait été si haute.