Uppercut au forfait (Edition 2007-32)

Dominique Sudan à propos d’EasyJet à Marrakech

Ce développement était dans l’air. Après avoir ouvert une première liaison sur Marrakech au départ de Londres, EasyJet Switzerland lorgnait «l’autre rive de la Méditerranée». En procédant par élimination, on tombait immanquablement sur Marrakech. Aujourd’hui, EasyJet fait coup double: elle lancera à la fin du mois d’octobre six liaisons par semaine sur Marrakech, trois depuis Genève et trois depuis l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse. Le prix d’appel et les jours de rotation choisis offriront de belles possibilités au marché suisse pour des séjours modulables à souhait dans l’une des destinations phares du Maroc.

Les TOs spécialisés – ils sont très nombreux en Suisse romande – risquent fort de souffrir l’hiver prochain, au même titre que RAM dont le produit allégé Atlas Blue n’offre pas les standards de qualité qu’attendent les producteurs. En ouvrant Marrakech, EasyJet adresse un uppercut au forfait classique. Et pourrait accélérer une remise en question qui a déjà touché Zurich depuis qu’Air Berlin a changé la donne dans une partie du segment balnéaire.

L’offensive marocaine d’EasyJet n’est pas le fruit du hasard. Marrakech est un pôle d’attraction en matière de résidences secondaires. Et l’essor dans ce domaine n’est pas terminé. Le parc hôtelier grandit aussi rapidement et, pour ne parler que du haut de gamme, comprendra à moyen terme la première adresse de luxe de Beachcomber hors océan Indien. La structure de la clientèle, très individuelle entre Genève et Marrakech, devrait aussi garantir le succès rapide de ce développement Low Cost: les jours retenus offrent de multiples combinaisons possibles, notamment en matière de séjours golfiques ou de remise en forme. Et dans ces deux créneaux, l’expérience prouve qu’un golfeur a presque toujours son parcours attitré sur une destination donnée.

Au-delà du fait qu’elle créera aussi une clientèle nouvelle, l’ouverture de Marrakech devrait accélérer une remise en question des forfaits classiques sur le Maroc. De plus, les TOs ont désormais un puissant argument pour contraindre Royal Air Maroc à offrir des liaisons de qualité vers les principales destinations à vocation touristique du royaume. Marrakech en fait partie. Dans les autres cas de figure, le «Dynamic Packaging» l’emportera rapidement car, pour fidéliser leur clientèle et éviter que de beaux dossiers se négocient directement avec les hôteliers de la Ville Impériale, les agences de voyages remettront en question leur vision de Marrakech. Aux TOs de se montrer «proactifs».