«Emirates s’impose en première alternative sur l’île Maurice» (Ausgabe 2012-21)

Nombreux sont les observateurs à regretter le prochain abandon de la desserte de Genève par Air Mauritius.

Après avoir confié à Lufthansa un audit portant sur les opérations, Air Mauritius (MK) mandatait il y a quelques mois le cabinet de consulting américain Seabury APG pour analyser en détail son Business Plan. Des mesures drastiques ont été imposées: refonte du réseau, refonte commerciale, contrôle rigoureux des coûts à réduire de 5 à 10%, hors carburant, enfin analyse structurelle des actifs. Toutes ces mesures doivent aboutir au retour à l’équilibre en 2012 et au profit en 2013. 

Il y a peu, Air Mauritius a été contrainte d’avancer au 31 août la fermeture de Genève. Une décision qui n’a pas manqué de surprendre la branche, notamment les nombreux professionnels de Suisse romande. «Oui, nous sommes très surpris par cette décision, car les réservations pour les mois de septembre et d’octobre  étaient à un bon niveau sur le vol direct», regrette Frédéric Maulavé, directeur de La Clé des Iles. 

Air France, comme cela est prévu depuis février, prendra donc le relais dès le début septembre. Là, c’est le transit via Paris CDG que craignent les spécialistes: «Transiter via Paris ne conviendra qu’à une partie de la clientèle. Mais la majorité préfèrera éviter le hub de Roissy, principalement par crainte des grèves. Les clients préfèreront choisir Emirates, quitte à changer d’avion en pleine nuit. De plus, les taxes d’aéroport via Paris CDG pénalisent fortement les prix des forfaits. D’ailleurs, le report sur Emirates a déjà commencé à se produire, surtout depuis l’annonce du prochain retrait de MK», poursuit Frédéric Maulavé. 

Au siège de Beachcomber Hotels, Patrice Clozier abonde dans le même sens: «Malheureusement, les recentrages économiques d’Air Mauritius, s’ils ont une logique structurelle, vont à l’encontre des attentes du marché. Suite à la réduction de la capacité dans les classes de haute contribution First et Business, avec Air France qui vole en configuration DOM/TOM depuis Paris CDG, une grande partie de la clientèle suisse se trouvera face à deux choix: opter malheureusement pour une autre destination, ou choisir Emirates qui offre encore une vraie cabine tri-classe, et qui la remplit!», observe Patrice Clozier.

Outre les taxes pénalisantes, Frédéric Maulavé entrevoit aussi un problème de disponibilité: «Nous risquons de manquer de sièges pour les ventes hivernales alors que la production hôtelière ne cesse d’augmenter. Avec une offre aérienne plus réduite, on limite forcément les ventes sur une destination. On risque fort d’être face à un déséquilibre entre l’offre hôtelière et l’offre aérienne», conclut Frédéric Maulavé.

Dominique Sudan