Après avoir confié à Lufthansa un audit portant sur les opérations, Air Mauritius (MK) mandatait il y a quelques mois le cabinet de consulting américain Seabury APG pour analyser en détail son Business Plan. Des mesures drastiques ont été imposées: refonte du réseau, refonte commerciale, contrôle rigoureux des coûts à réduire de 5 à 10%, hors carburant, enfin analyse structurelle des actifs. Toutes ces mesures doivent aboutir au retour à léquilibre en 2012 et au profit en 2013.
Il y a peu, Air Mauritius a été contrainte davancer au 31 août la fermeture de Genève. Une décision qui na pas manqué de surprendre la branche, notamment les nombreux professionnels de Suisse romande. «Oui, nous sommes très surpris par cette décision, car les réservations pour les mois de septembre et doctobre étaient à un bon niveau sur le vol direct», regrette Frédéric Maulavé, directeur de La Clé des Iles.
Air France, comme cela est prévu depuis février, prendra donc le relais dès le début septembre. Là, cest le transit via Paris CDG que craignent les spécialistes: «Transiter via Paris ne conviendra quà une partie de la clientèle. Mais la majorité préfèrera éviter le hub de Roissy, principalement par crainte des grèves. Les clients préfèreront choisir Emirates, quitte à changer davion en pleine nuit. De plus, les taxes daéroport via Paris CDG pénalisent fortement les prix des forfaits. Dailleurs, le report sur Emirates a déjà commencé à se produire, surtout depuis lannonce du prochain retrait de MK», poursuit Frédéric Maulavé.
Au siège de Beachcomber Hotels, Patrice Clozier abonde dans le même sens: «Malheureusement, les recentrages économiques dAir Mauritius, sils ont une logique structurelle, vont à lencontre des attentes du marché. Suite à la réduction de la capacité dans les classes de haute contribution First et Business, avec Air France qui vole en configuration DOM/TOM depuis Paris CDG, une grande partie de la clientèle suisse se trouvera face à deux choix: opter malheureusement pour une autre destination, ou choisir Emirates qui offre encore une vraie cabine tri-classe, et qui la remplit!», observe Patrice Clozier.
Outre les taxes pénalisantes, Frédéric Maulavé entrevoit aussi un problème de disponibilité: «Nous risquons de manquer de sièges pour les ventes hivernales alors que la production hôtelière ne cesse daugmenter. Avec une offre aérienne plus réduite, on limite forcément les ventes sur une destination. On risque fort dêtre face à un déséquilibre entre loffre hôtelière et loffre aérienne», conclut Frédéric Maulavé.
Dominique Sudan