88% des Suisses voyagent au moins une fois par année

Augmentation du chiffre d’affaires en 2018 mais perspectives mitigées pour cette année.
Depuis la gauche Walter Kunz, directeur de la FSV, le professeur Christian Lässer, Université de St-Gall, et Olaf Nink, CEO d’Allianz Partners.

C’est déjà la 25e fois consécutive qu’Allianz Partners (ou Allianz Global Assistance) réalise son étude sur les voyages, en collaboration avec la Fédération suisse du voyage (FSV) et l’institut LINK à Lucerne. La nouvelle étude a été complétée avec des thèmes d’actualité comme la durabilité et l’environnement ainsi que l’abstinence numérique (Digital Detox). Neuf Suisses sur dix (88%) partent en voyage au moins une fois par an, c’est-à-dire effectuent au moins un voyage privé de trois jours par an. Avec 2,8 voyages de longue durée par an contre 2,6 courtes escapades, les citoyens suisses continuent de préférer les longs déplacements aux séjours brefs. Pour le choix de la destination, les recommandations des proches restent le premier critère, même à l’ère du numérique.

Deux tiers en ligne

Près d’une personne sur cinq apprécie cependant aussi les conseils et l’expertise des agences de voyages. Ainsi, si deux tiers des personnes interrogées disent réserver via des portails en ligne ou chez des prestataires exclusivement présents en ligne, un quart achètent directement dans les agences de voyages ou auprès des tour-opérateurs.

Dans le domaine de l’économie de partage, la Suisse semble plutôt faire preuve de retenue par rapport à d’autres pays. 31% ont déjà expérimenté ces plates-formes, tandis que près de 50% n’y ont jamais eu recours et n’en ont pas l’intention. Chez les utilisateurs actifs des plates-formes de partage, le rapport qualité/prix et la situation de l’hébergement constituent les principaux critères, le contact personnel avec l’hôte sur place ou l’authenticité jouant un rôle moindre.

Quid des assurances?

En termes d’assurance voyage, on note que les Suisses se concentrent souvent sur des aspects secondaires, alors qu’un assureur voyage privilégie plutôt la couverture des risques vraiment existentiels. Ainsi, la survenance du risque de retard est jugée nettement plus probable que celle de tous les autres événements. La maladie pendant le voyage arrive en troisième position, avant même une éventuelle perte du bagage ou un accident. De ce fait, les frais d’annulation représentent la prestation la plus déterminante dans le choix de l’assurance. L’assistance voyage ou le service de conseil médical 24h/24 n’arrive qu’en sixième et en huitième positions, respectivement.

A cet égard, il convient de mentionner que deux personnes interrogées sur cinq n’ont aucune assurance voyage. Le manque de nécessité ou une probabilité trop faible d’en avoir vraiment besoin sont les principaux motifs invoqués, suivis de près par la méconnaissance des possibilités d’assurance correspondantes.

Prendre l’avion moins souvent

En ce qui concerne les thèmes environnementaux, l’un des principaux aspects concerne le choix du moyen de transport. Prendre l’avion moins souvent ou y renoncer totalement est déjà une réalité pour un quart des personnes interrogées. Les solutions alternatives préférées sont les transports publics et le train, avant même le choix d’une destination plus proche.

Par ailleurs, 8 personnes sur 10 peuvent imaginer se passer partiellement de leurs assistants numériques intelligents pendant leurs vacances, 2 sur 5 envisageant même de le faire pour une semaine ou plus. Pour 20% des personnes prônant l’abstinence numérique, la santé est l’une des raisons majeures mentionnées. Quant à ceux qui restent connectés, plus de deux tiers le font surtout parce qu’ils souhaitent garder le contact avec des amis et des proches ou se servir de l’assistant numérique pour planifier leurs journées.

Progression du chiffre d’affaires

En 2018, le chiffre d’affaires moyen des agences de voyages helvétiques a de nouveau augmenté par rapport à l’année précédente, soit de 3.4%, passant de CHF 2.89 à CHF 2.98 millions. Le chiffre d’affaires moyen par collaborateur a également progressé, pour la seconde fois consécutive, à savoir de CHF 0,91 à CHF 0,96 million. Une légère érosion des honoraires de conseil a mis la marge brute (15%) ainsi que le rendement net (1%) sous pression. C’est ce qui ressort de l’enquête actuelle réalisée par la FSV en collaboration avec l’Institut de gestion systémique et de gouvernance du secteur public de l’Université de St-Gall.

Perspectives d’avenir immédiat plus mitigées

La marche des affaires au cours de l’année écoulée, toujours placée sous le signe de la croissance, peut être taxée de satisfaisante. Par contre, les perspectives à court terme ont tendance à s’assombrir. Les agences interrogées s’attendent en effet à une diminution du volume des dossiers, du chiffre d’af-faires ainsi que de la marge. Cette estimation s’explique entre autres par le fait que les affaires peinent à décoller cette année, sachant que l’évolution pour cet automne n’est pas encore connue. Par ailleurs, les marges demeurent sous pression. Même si elles sont qualifiées, les agences de voyages restent un canal de vente parmi tant d’autres, ce qui les expose en permanence à une concurrence féroce.

Faible impact des discussions autour du changement climatique

L’enquête a également montré que la proportion des réservations dans le cadre desquelles le client soulève la question du changement climatique est relativement faible dans l’ensemble (supérieure à 10% dans 14% des agences de voyages, elle dépasse le seuil des 20% chez 3% d’entre elles seule-ment). La majorité des agences part toutefois du principe que ce pourcentage va stagner, voire aug-menter à l’avenir; seules 18% estiment qu’il va diminuer.

Le sur-tourisme s’invite dans le débat

La problématique de l’overtourism est en revanche un sujet à l’ordre du jour, sous une forme ou une autre, dans la majeure partie des agences de voyages (75%). Alors qu’un tiers d’entre elles aborde cette évolution de manière plutôt réactive (en d’autres termes réagit lorsque les clients soulèvent la question), un peu moins d’un tiers des agences privilégie au contraire une approche plutôt proactive du sujet, en proposant par exemple des destinations alternatives. (TI)

 

 

 

 

Depuis la gauche Walter Kunz, directeur de la FSV, le professeur Christian Lässer, Université de St-Gall, et Olaf Nink, CEO d’Allianz Partners.