Attractions avec des animaux: distributeurs épinglés

La World Animal Protection dénonce la distribution d’activités ne respectant pas le bien-être animalier.
Le Secret Garden de l’hôtel Mirage à Las Vegas a perdu quatre de ses dauphins en moins d’un an. © 15299 / Pixabay

Selon un rapport de World Animal Protection, des sociétés comme TUI Musement, Getyourguide, Trip.com, Attractiontickets.com et Jet2holidays proposent à la vente et à la réservation des activités dont les prestataires ne respectent pas le bien-être animalier, et ce en dépend d’engagements affirmés.

Promenades à dos d’éléphant, selfies avec des bébés tigres et nage avec des dauphins sont quelques-unes des activités cruelles proposées par ces marques de voyages, selon le rapport «Real Responsible Traveller».

L’étude a passé en revue neuf grandes agences de voyage pour évaluer leur engagement en faveur du bien-être des animaux et d’un tourisme respectueux de la nature, afin d’aider les vacanciers à planifier des vacances respectueuses de la nature.

Brutalité et stress pour divertir

Chaque année, des milliers d’animaux sauvages sont contraints de se produire pour le divertissement des touristes ou de servir de sujets à des «activités» touristiques contre nature et stressantes.

Les éléphants utilisés dans les spectacles sont capturés dans la nature ou nés en captivité et arrachés à leur mère à un âge précoce. Ils sont ensuite soumis à des régimes d’entraînement violents qui leur causent d’énormes dommages physiques et psychologiques.

Les dauphins utilisés pour le divertissement sont pour la plupart élevés en captivité (bien que certains soient encore capturés dans la nature) et maintenus dans des bassins stériles qui ne représentent qu’une infime partie de leur domaine vital naturel. Une pratique qui crée une grande détresse chez ces animaux.

Responsabilité et bons élèves

«Voyager de manière responsable signifie ne jamais inclure dans son itinéraire des expériences ou des divertissements liés à la faune sauvage en captivité et refuser de réserver ses vacances auprès de voyagistes qui prétendent proposer des voyages responsables et durables tout en continuant à tirer profit de l’exploitation des animaux sauvages», souligne World Animal Protection.

Le rapport indique également les voyagistes qui ont pris des mesures importantes et positives en faveur de la faune sauvage ces dernières années, notamment Airbnb et Booking.com. Expedia s’est amélioré dans certains domaines, ayant cessé de vendre des spectacles de dauphins captifs en 2021.

Au sujet du rapport

Le rapport Real Responsible Traveller s’appuie sur le rapport 2020 Tracking the Travel Industry de World Animal Protection, qui a évalué Airbnb, AttractionTickets.com, Booking.com, DER Touristik, Expedia, Flight Centre, Getyourguide, Klook, The Travel Corporation, Viator, Trip.com et TUI Musement.

World Animal Protection a fait appel à l’Université du Surrey, qui a analysé de manière indépendante les engagements publics pris ou non par les voyagistes.  Les critères permettent d’obtenir jusqu’à 135 points, répartis entre l’engagement (30 points), les objectifs et performances (45 points), l’impact sur les fournisseurs (30 points) et l’impact sur les clients (30 points).

Elle a ensuite vérifié s’ils proposaient l’une des cinq attractions suivantes:

  • Promenades, alimentation et lavage des éléphants
  • Nourrir ou caresser des primates
  • selfies, spectacles, caresses ou promenades avec des grands félins
  • Baignade avec des dauphins captifs et spectacles de dauphins
  • La vente de toute «expérience» interactive impliquant des animaux sauvages captifs (y compris, par exemple, des otaries, des crocodiles et des alligators)

La réponse de TUI Suisse

Selon le rapport de World Animal Protection, TUI Musement obtient le score de 51% pour la prise en compte du bien-être animalier. Contacté sur ce rapport, TUI Suisse nous a répondu par la voix de sa porte-parole, Sonja Ptassek:

«A ce sujet, je voudrais vous faire savoir que chez TUI, nous constatons que nos clients sont très intéressés par la visite d’attractions animalières et l’observation d’animaux sauvages pendant leurs vacances. En même temps, nous sommes conscients des débats publics concernant ces lieux de spectacle et nous travaillons avec nos fournisseurs à l’amélioration des conditions des animaux en captivité.

La stratégie de protection des animaux de TUI repose sur les directives de l’ABTA, une norme internationalement reconnue. Les directives de l’ABTA en matière de protection des animaux ont été développées en collaboration avec des experts du secteur, des organisations zoologiques, des scientifiques et des ONG.

Pour s’assurer que nos fournisseurs respectent la norme ABTA, TUI dispose depuis 2016 d’un programme d’audit des activités avec les animaux, qui comprend des audits externes réalisés par un tiers indépendant. Si les fournisseurs ne réussissent pas les audits, nous leur demandons d’apporter les changements nécessaires et nous les conseillons si nécessaire. S’ils ne résolvent pas les problèmes et que nous ne trouvons pas de solution adéquate avec eux, nous retirons l’activité de notre offre.

Cependant, nous essayons toujours en premier lieu d’adopter une approche coopérative, car nous pensons qu’il est possible d’obtenir davantage pour les animaux en travaillant ensemble qu’en travaillant séparément.

Nous allons continuer à analyser le rapport pour comprendre comment nous avons obtenu ce score, compte tenu des processus et des mesures globales que nous avons mis en œuvre. Nous continuerons à nous engager à respecter les directives de l’ABTA en matière de protection des animaux en mettant en œuvre notre stratégie de protection des animaux et en poursuivant notre audit des fournisseurs d’activités correspondantes.

Notre objectif est de susciter des changements à partir du secteur et de le faire ainsi évoluer de l’intérieur. Aujourd’hui déjà, nous n’intégrons plus dans notre portefeuille d’activités qui sont entre-temps mentionnées dans les lignes directrices comme étant des interactions inacceptables.»


La réponse du groupe DER Touristik

Les reproches adressés au groupe DER Touristik ne portent que sur deux domaines: les attractions avec des dauphins et les interactions avec la faune sauvage. Contacté par nos soins, le groupe a fourni la réponse suivante:

«En tant que l’un des principaux groupes de voyage en Europe, DER Touristik attache une grande importance aux voyages durables et responsables. Nous nous efforçons de minimiser l’impact de nos activités sur les destinations touristiques du monde entier et nous nous engageons activement pour la protection des personnes et de l’environnement.

C’est dans ce contexte que nous avons adopté dès 2017 une directive complète sur la protection des animaux. Celle-ci a été élaborée avec l’aide d’experts et sur la base d’un dialogue avec les parties prenantes et reflète les normes de protection animale du secteur du voyage ; elle s’inspire des ABTA Animal Welfare Guidelines. Notre objectif est de mettre fin aux pratiques qui nuisent au bien-être des animaux et mettent en danger les animaux sauvages ou leur habitat naturel. 

Par exemple, DER Touristik a retiré les promenades à dos d’éléphant de son portefeuille et soutient avec succès les camps d’éléphants qui, en coopération avec le secteur, ont établi les meilleures conditions de détention et formes d’expérience pour les animaux.

En référence au rapport «The Real Responsible Traveller», nous souhaitons souligner les points suivants: Dans le domaine de la protection des animaux, nous entretenons depuis longtemps un dialogue constructif avec l’organisation World Animal Protection (WAP).

Dans le rapport «The Real Responsible Traveller» de cette année, notre évaluation montre déjà des améliorations par rapport à la dernière enquête de ce type de 2020 appelée «Tracking the Travel Industry» et nous souhaitons continuer à nous développer en permanence dans le domaine de la protection des animaux.

C’est pourquoi nous prenons très au sérieux les remarques concernant les excursions et les offres d’aventure en rapport avec les mammifères marins et les animaux sauvages, qui ont encore été évaluées de manière critique dans le rapport actuel. Nous sommes actuellement en contact avec WAP afin de comprendre la raison de cette évaluation.

Actuellement, nous effectuons une analyse complète de notre portefeuille et évaluons étroitement dans quelle mesure notre directive sur la protection des animaux est déjà appliquée de manière conséquente et où il existe encore des potentiels d’amélioration. Le processus inclut également des audits. Sur cette base, nous vérifions entre autres si et quelles offres existantes nous devons éventuellement supprimer ou remplacer par des alternatives plus responsables.

Nous encourageons le dialogue avec nos partenaires, les organisations de protection des animaux et les représentants de la branche, afin de pouvoir apporter ensemble des changements pour le bien-être des animaux dans le sens d’un tourisme durable.

Nous nous efforçons également de mettre à disposition davantage d’informations et de faits sur ce thème à l’avenir – et d’augmenter ainsi la transparence.»


Getyourguide

Également contacté par nos soins, Getyourguide, dont le score est extrêmement mauvais avec seulement 7% de considération pour le bien-être animalier que les prestations distribuées observent, n’a pour l’heure toujours pas répondu.

(Cédric Diserens)